Au-delà de leurs apparentes différences, il y a forcément une cohérence entre
les peintures d’objets que sont les Vies silencieuses et les arbres, peints ou
dessinés, puisque les trois séries sont issues de la main d’Alexandre Hollan.
Les arbres dessinés proposent une modulation libre des gris, ceux qui sont
peints une vibration éclatante des couleurs, alors que dans les vies
silencieuses celles-ci sont juxtaposées, par teintes et par couches, pour
aboutir à une forme de sérénité et de calme apparents vibrant de l’intérieur, au
lieu que les arbres les exposent davantage, couleurs, matières et gestes. À
supposer que les Vies silencieuses soient plus introspectives – ce qui est une
interprétation – les arbres portent aussi un langage en attente. Les uns et les
autres parlent, différemment, et tous, en nous regardant les regarder, nous
parlent. Peints ou dessinés, la succession des arbres, par exemple, révèle à la
fois la différence, la spécificité de chacun, mais aussi l’approche que chaque
rencontre suscite chez l’artiste, qu’il s’agisse d’esquisses, de contours, de
vides ou de remplis : dans sa forme et son espace, chacun de ces arbres se
distingue et non se répète. Puisque aucune représentation ne peut englober un
tout ni être définitive, chacune figure une tentative, un inachèvement, qui
ouvre sur un autre. On pourrait faire le pari que c’est autant de visages
d’Alexandre Hollan qu’ils dessinent – et je fais aussi celui que dans ce qui
n’est pas un jeu de variations mais une tentative d’équilibre sans cesse
recommencée, chacun d’entre nous, à la manière d’un labyrinthe, peut y trouver
son chemin, et, d’une certaine manière, s’y retrouver voire s’y reconnaître. Que
vous préfériez l’une ou l’autre de ces œuvres, ou plusieurs, arbre vif de
couleur ou de fusain, vie silencieuse, je vous invite donc à vous demander en
quoi elle vous ressemble et ce que vous y découvrez de vous.
Ludovic Degroote
répétition(s)
Description
L’atelier est un cube blanc d’une vingtaine de mètres carrés densément peuplés. Gris, monochrome.
Des châssis en attente d’un côté, des tables qui semblent chacune avoir une fonction, une douzaine de ciseaux suspendus côte à côte, des agrafeuses, des boîtes rangées, des bocaux et produits accumulés, des pots à crayons et à pinceaux. Des images épinglées, superposées, apposées. Répétitions. Des piles de journaux. Des carnets. Des objets, en nombre et toujours regroupés. Un espace qui se crée par la mise en liens de petits riens. Un livre de G. Didi-Huberman : Quand les images prennent position. D’autres livres : Journal de travail de B. Brecht ; Et si je suis désespéré que voulez-vous que j’y fasse de G. Anders ; le Manuscrit de 1942 de W. Heisenberg ; ou des extraits de Kubark. Obnubilation. Idée fixe.
Surtout, des photos : une main tordue au sol, un loup, des forêts, des pelleteuses, des scènes de guerre ou de déboisement, une ville bombardée, une succession de visages de victimes ou d’accusés. Et des coupures de journaux, sans date, sans contexte. Parfois uniquement le titre d’un article découpé : « Au bord du vide ». Le tout en noir et blanc. Aucune couleur. Le bruit des guerres, le son en moins. La géographie de la destruction et le vacarme du monde pénètrent l’espace de l’atelier par touches d’images et de mots. Les camps, les goulags, la déportation, la torture, l’oubli. L’isolement, l’ailleurs, la fuite, le refuge, la solitude. Destruction par l’homme. Irrésolution. Répétitions de l’histoire.
Les peintures et dessins, aux murs et sur les tables. Les couleurs apparaissent alors, très souvent ternes – verts délavés et embrumés, gris chauds et poussiéreux, de grands aplats noirs –, parfois très vives – un jaune ou un vert presque purs, arbitraires. Anéantissement. Monochrome. Désolations.
La succession, la mise côte à côte, l’accumulation de traces suscitent quelque chose qui n’est pas dit. Fragments. (D)énonciation silencieuse.
Aucun visage n’est reconnaissable dans les œuvres. Terminées, en cours ou étapes de recherche, il est difficile de donner un statut à ces images. Elles sont simples, sans mise en scène, presque anecdotiques. Mais elles sont puissantes, toujours. Et évocatrices. Images simples, qui se lisent seules ou par associations. Répétition.
Un arbre isolé et ébranché. Des silhouettes fantomatiques qui avancent lentement vers un inexorable rien, coincées entre un ciel menaçant et une terre vide. Un pavé, écrasant. Un tas de décombres. Un micro. Un homme penché, bras dans le dos. Une cage. Des grilles. Des éléments architecturaux, détruits ou à l’inverse froids et immaculés. La reconstitution d’une coupure de journal, les mots en moins. Une montagne renversée. Des taches blanches, comme autant d’explosions aveuglantes. De la fumée. Des taches d’huile ou de sang. Quelques mains, tendues vers on se sait quoi, ou alors inertes. Une paire de lunettes brisée. Des oreilles. Empêchements.
Si les œuvres semblent muettes – pas une bouche, pas un œil n’est représenté –, l’évocation de la dévastation est partout. Vestiges. Témoin d’un saccage. Des oreilles, encore. Quand les images prennent position...
Répétition générale.
David Scheer
Date info
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