Au-delà de leurs apparentes différences, il y a forcément une cohérence entre
les peintures d’objets que sont les Vies silencieuses et les arbres, peints ou
dessinés, puisque les trois séries sont issues de la main d’Alexandre Hollan.
Les arbres dessinés proposent une modulation libre des gris, ceux qui sont
peints une vibration éclatante des couleurs, alors que dans les vies
silencieuses celles-ci sont juxtaposées, par teintes et par couches, pour
aboutir à une forme de sérénité et de calme apparents vibrant de l’intérieur, au
lieu que les arbres les exposent davantage, couleurs, matières et gestes. À
supposer que les Vies silencieuses soient plus introspectives – ce qui est une
interprétation – les arbres portent aussi un langage en attente. Les uns et les
autres parlent, différemment, et tous, en nous regardant les regarder, nous
parlent. Peints ou dessinés, la succession des arbres, par exemple, révèle à la
fois la différence, la spécificité de chacun, mais aussi l’approche que chaque
rencontre suscite chez l’artiste, qu’il s’agisse d’esquisses, de contours, de
vides ou de remplis : dans sa forme et son espace, chacun de ces arbres se
distingue et non se répète. Puisque aucune représentation ne peut englober un
tout ni être définitive, chacune figure une tentative, un inachèvement, qui
ouvre sur un autre. On pourrait faire le pari que c’est autant de visages
d’Alexandre Hollan qu’ils dessinent – et je fais aussi celui que dans ce qui
n’est pas un jeu de variations mais une tentative d’équilibre sans cesse
recommencée, chacun d’entre nous, à la manière d’un labyrinthe, peut y trouver
son chemin, et, d’une certaine manière, s’y retrouver voire s’y reconnaître. Que
vous préfériez l’une ou l’autre de ces œuvres, ou plusieurs, arbre vif de
couleur ou de fusain, vie silencieuse, je vous invite donc à vous demander en
quoi elle vous ressemble et ce que vous y découvrez de vous.
Ludovic Degroote
Vernissage: "Patatland"
Description
Home Frit’ Home a le plaisir de vous dévoiler sa 31e exposition ! Nous vous présentons le 3 mars prochain un peintre, Breton de naissance, que nous serions tentés de qualifier d’OVNI...Michel Devaux, l’homme patate ?Home Frit’ Home et son Micro Musée de la Frite ont pour tradition d’inviter les artistes à poser un regard sur la Belgique. Cette fois, ce ne sera pas le cas ! Nous avons été séduits par la proposition de Michel Devaux qui entretient une relation artistique, voire métaphysique, avec la pomme de terre, matière première de notre Frite nationale. L’artiste a même réalisé en 2008 l’esquisse d’un « Projet de monument à la discrète Belge qui inventa la frite »... Mais laissons la frite de côté !La Pomme de terre, métaphore de l’être humain collectifCar Michel Devaux vous convie à une immersion anthropo-patatière dans l’univers un tantinet surréaliste de « Patatland ». Là, sur cette grande île-continent qui flotte et se déplace sans cesse sur les océans, la Pomme de terre s’y présente comme métaphore de l’être humain collectif. Enfance, amours, plaisirs de l’existence, vie en société... « La simple métaphore des pommes de terre recélait un champ illimité de possibilités : avec elles, je pouvais traiter l’anonymat, les sentiments humains, les universels, les situations les plus diverses. Elles plaçaient d’emblée mes toiles dans la généralité, tout en leur conférant une grande force d’évocation. (...) Chacun, dès lors, pouvait y voir son voisin ou, même, choisir de s’y reconnaître », explique l’artiste.Dix années d’études, environ le double de pratique passionnée... Michel Devaux est encore un jeune peintre. Prolifique, il est l’auteur de centaines de toiles organisées en séries (les villes, les quidams, les mains...), parmi lesquelles celle consacrée à la Pomme de terre se profile telle l’état de l’art de sa quête de sens et d’esthétique.Comme Magritte, un peintre de l’idéeLe public belge, par-delà l’omniprésence de la patate, semence de sa Culture Fritkot, se sentira en terre de connaissance une fois immergé dans « Patatland »... « Comme Magritte avant lui, Michel Devaux est intimement persuadé d’être un peintre de l’idée. Aussi s’acharne-t-il à peaufiner la composition de chaque tableau afin qu’il exprime au mieux le concept que le peintre souhaite illustrer, choisissant avec soin chaque ligne, chaque nuance colorée afin d’en maximiser l’impact et la lisibilité. Pourtant, comme Magritte, Michel Devaux est un grand peintre tout court, je pourrais même avancer que leurs idées, au fond, se résument à presque rien, et qu’en tout état de cause elles me laissent relativement indifférent. Leurs tableaux, à l’inverse, me passionnent, et me bouleversent même », Stéphane Corréard (Directeur du Département art contemporain de l'Étude Cornette de Saint Cyr et chroniqueur à Arts Magazine, septembre 2015).Les vies de Michel DevauxDans sa première vie, Michel Devaux a évolué dans les milieux de la communication et de la publicité, parcourant le monde, jusqu’à ce qu’il vende sa propre agence en 1990. Sa peinture est l’héritière de cette expérience. « Il a formé sa manière de voir dans la publicité, où le travail sur le grand nombre oblige à penser les humains en termes de chiffres, de statistiques, de catégories, où les individus s’assemblent pour former des masses anonymes », Catherine Peter (« La Ronde, revue d’ailleurs, janvier 2020).« J’ai eu deux vies. L’une pour agir, l’autre pour penser. La première n’a laissé aucune trace. Pour ce qui est de la seconde... », questionne l’artiste.Vernissage "Pataland" de Michel Devaux, vendredi 3 mars 2023 (18h00-21h00), avec la complicité de la Cuvée des Trolls de la Brasserie Dubuisson. Entrée libre et gratuite. Jardin frituresque ouvert. Home Frit' Home, rue des Alliés 242, 1190 Bruxelles.
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