BYD est un jeune peintre belge né à Addis-Abeba, en Éthiopie, mais qui a grandi
à Bruxelles. Depuis son enfance, BYD entretient un lien profond avec sa culture
d’origine et souhaite s’en rapprocher. Son inspiration première réside dans
l’alphabet amharique utilisé dans l’écriture éthiopienne. Il affectionne
particulièrement sa calligraphie élégante et singulière. À travers son art, il
réinvente cet alphabet, créant ainsi un langage artistique qui lui est propre.
Par ailleurs, BYD s’inspire des événements qui animent son quotidien et les
interprète à sa façon. De toile en toile, il exprime également sa passion pour
la couleur, utilisant celle-ci pour mettre en lumière les émotions qui le
traversent et qu’il ne peut exprimer par les mots.
Erró, la belle rosine, peintures, aquarelles & collages
Description
J’ai eu la chance de faire la connaissance d’Erró en 2016 lors d’une exposition à la Fondation Folon. Ce fût une de ces belles rencontres que le métier de conservateur nous offre. Nous avons partagé quelques moments inoubliables. Qui le connaît apprécie son humour et sa générosité.
Quel message Erró nous adresse-t-il aujourd’hui avec cette interprétation de « La belle Rosine », incarnation de la jeunesse éphémère confrontée à la mort ? Nous savons que l’artiste islandais découpe sans relâche des documents issus de tous bords qu’il collecte et conserve soigneusement. Ils surgissent quelquefois des années plus tard. Cette nouvelle exposition à Bruxelles chez l’ami Marchetti était sans doute l’occasion de valoriser l’oeuvre d’Antoine Wiertz. Erró se sent-il intime du peintre belge qui maniait la dérision et surtout s’inscrivait dans les combats philosophiques et politiques de son temps ?
Erró a construit un univers pictural composé d’une explosion de figures, de monstres grimaçants ou d’anti-héros issus de la conscience collective, dans un chaos visuel, reflet d’une époque bombardée d’images. Souvent, il assemble sa peinture à des collages issus de l’imagerie de la bande dessinée, du cinéma ou des arts plastiques. Leur rencontre incongrue crée la surprise. On pourrait y voir le principe d’isolement cher aux surréalistes mais ces rapprochements inattendus ne visent pas la même intention. Erró suggère une narration et propose une approche plus sémiotique, une réflexion sur l’impact de l’image. Il peut user de la même image dans une contexte différent qui va induire un tout autre sens. Tel un témoin, il s’attaque avec ironie aux sujets de société – surconsommation, fantasmes stéréotypés de la sexualité, fanatismes religieux – ainsi qu’à la politique et à l’histoire contemporaine en pointant du doigt les guerres, les totalitarismes, le racisme. « Je suis une sorte de chroniqueur, de reporter qui rassemblerait toutes les images du monde et... je suis là pour en faire la synthèse (1). »
Aujourd’hui, avec cette glorification de « La belle Rosine », l’artiste met en valeur le concept de vanité, représentation allégorique de la fragilité de la vie humaine ou celui de la danse macabre, principe d’égalité de tous devant la mort. Quoi qu’il en soit par ce dialogue entre le squelette et la jeune femme, il pose la question du temps et s’empare d’un vaste sujet philosophique : « Faire bien n’est qu’une question de temps (2). »
Stéphanie Angelroth
1 - Se non è vero è ben trovato, Éditions La Pierre d’Alun, 2012, p. 13
2 - Antoine Wiertz, La belle Rosine, (1847), huile sur toile, 140 x 100 cm, Musée Wiertz, Bruxelles.
Inscription sur le tableau voir : https://fine-arts-museum.be/fr/la-collection/antoine-wiertz-la-belle-rosine
Date info
Le 13/11/2023Jusqu'au 23/12/2023
Tickets
Info:
Gratuit