Au-delà de leurs apparentes différences, il y a forcément une cohérence entre
les peintures d’objets que sont les Vies silencieuses et les arbres, peints ou
dessinés, puisque les trois séries sont issues de la main d’Alexandre Hollan.
Les arbres dessinés proposent une modulation libre des gris, ceux qui sont
peints une vibration éclatante des couleurs, alors que dans les vies
silencieuses celles-ci sont juxtaposées, par teintes et par couches, pour
aboutir à une forme de sérénité et de calme apparents vibrant de l’intérieur, au
lieu que les arbres les exposent davantage, couleurs, matières et gestes. À
supposer que les Vies silencieuses soient plus introspectives – ce qui est une
interprétation – les arbres portent aussi un langage en attente. Les uns et les
autres parlent, différemment, et tous, en nous regardant les regarder, nous
parlent. Peints ou dessinés, la succession des arbres, par exemple, révèle à la
fois la différence, la spécificité de chacun, mais aussi l’approche que chaque
rencontre suscite chez l’artiste, qu’il s’agisse d’esquisses, de contours, de
vides ou de remplis : dans sa forme et son espace, chacun de ces arbres se
distingue et non se répète. Puisque aucune représentation ne peut englober un
tout ni être définitive, chacune figure une tentative, un inachèvement, qui
ouvre sur un autre. On pourrait faire le pari que c’est autant de visages
d’Alexandre Hollan qu’ils dessinent – et je fais aussi celui que dans ce qui
n’est pas un jeu de variations mais une tentative d’équilibre sans cesse
recommencée, chacun d’entre nous, à la manière d’un labyrinthe, peut y trouver
son chemin, et, d’une certaine manière, s’y retrouver voire s’y reconnaître. Que
vous préfériez l’une ou l’autre de ces œuvres, ou plusieurs, arbre vif de
couleur ou de fusain, vie silencieuse, je vous invite donc à vous demander en
quoi elle vous ressemble et ce que vous y découvrez de vous.
Ludovic Degroote
Sara Imloul - 'Images contact'
Description
********** English **********
Since 2008, Sara Imloul has developed a practice focused on symbolic and autobiographical photography, staging her contrasting black-and-white images born out of inner visions and memories.
*Since her studies at the ETPA in Toulouse, Imloul has been using calotype, a process developed by Henri Fox Talbot in 1840 that allows a contact print to be made from a paper negative. Imloul edits each negative by hand, mixing drawings and collages with her photographic prints, manually composing her own unique story.
*Contrary to digital manipulation, and instead of returning to the medium’s origins, Imloul’s black-and-white images are conceived as true theatrical pictures, seemingly straight out of the 19th century. Imloul has chosen slowness, the Arte Povera of photography.
For her first exhibition at Hopstreet Gallery, Sara Imloul focuses on the series Das Schloss (2014), complemented by a number of photographs from the series Négatifs (2012) and Chez Moi (2020-2021).
In Imloul’s second series, Négatifs (2012), the small size of the calotypes is striking, but so is their special finesse. Imloul exposed the paper directly in her 4x5-inch camera, creating unique negative images on baryta paper.
*The series Das Schloss (2014), which takes its name from the family home in Lorraine, takes this investigation even further. It organises a photographic in-camera session with her nearest and dearest and her ancestors. In order to better tell the story of this place through traces and small touches, Imloul arranges intimate sketches in front of her imposing room. They are based on the model of a family constellation, a term borrowed from group therapy that aims to solve family problems by exchanging roles. A reflection on identity and the introspective dimension is at work here, with the expression of the “I” operating through play. Role-playing, mask-playing and staging games are thus brought together by the magic of photography. And the photographer invests in the tenuous gap that separates reconstitution and recollection, reality and representation. ImIouI conjures up an apparition, revealing an evanescent image that is expressed like a reminiscence. Such a practice is based on questioning the medium’s indexical power, which is capable of materialising thought and generating the fictional repetition of past events.
Chez Moi is a series that Imloul conceived during the lockdown and realised entirely in her Parisian flat. Following in the footsteps of the Dadaists, whom she regards as her predecessors, she uses the collage technique. Images of alligators, gazelles and pelicans are integrated into the works. She lovingly refers to them as her “innocent children”. After all, animals are victims of an increasingly guilty world that cuts us off from beauty and life. Violent reality is never far away; the photographs can only sublimate it.
*Conveying a theatrical sense of composition, these detailed scenography’s, props and sets are arranged with a surveyor’s precision. They require meticulous preparation, built around texts and sketches. The exposure times are long, with no room left for improvisation. lmloul is, above all, looking for an image as close as possible to the threshold of her imagination. Having become pure plastic elements, the people close to her, whom she uses as models, adopt fixed attitudes and sometimes even emphatic gestures. The faces are hidden, the monstration of the bodies fragmented, the metonymy moving them into a blurred register with no vanishing point. Underlying enigma and latent tension are sovereign, designating a photograph experienced as a labyrinthine space where loss is combined with discovery.
Sara Imloul (b. 1986) lives and works in Paris and was awarded the Levallois Prize in 2019 for the series Passages, de L’Ombre aux Images (2015-2018).
She has published two monographs with Éditions Filigranes: Passages in 2022 and Das Schloss in 2014.
Her work was exhibited at the Manuel Riviera-Ortiz Foundation in a duo show with Elina Brotherus during the Rencontres de la Photographie d’Arles 2022.
* Maud de la Forterie, Artpress n°488, May 2021
********** Français **********
Depuis 2008 Sara Imloul déploie une photographie symbolique et autobiographique en s’attachant à fixer dans l’obscurité de ses noirs et blancs des visions intérieures nées du souvenir.
*Depuis ses études à l’EPTA de Toulouse, Sara Imloul utilise le calotype, procédé mis au point par Henri Fox Talbot en 1840 qui permet, à partir d’un négatif papier, d’obtenir un tirage par contact.
Chaque négatif est retravaillé à la main. Imloul mêle dessin et collage à ses tirages photographiques, et compose à la main sa narration singulière.
*À rebours de la manipulation digitale, renouant bien plutôt avec les origines du médium, les images en noir et blanc d’Imloul sont alors pensées comme de véritables tableaux théâtraux qui semblent tout droit sortis du 19e siècle. Imloul a choisi la lenteur, l'Arte Povera de la photographie.
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Hopstreet, Sara Imloul se concentrera sur la série Das Schloss, complétée par un certain nombre de photographies des séries Négatifs (2012) et Chez Moi (2020-2021).
Ses calotypes se distinguent par leur petit format et par leur grande préciosité́ avec sa deuxième série
Négatifs (2012). Imloul a exposé́ directement le papier dans sa chambre photographique 4x5 pouces,
créant ainsi des œuvres uniques en négatif sur papier baryté.
*Imloul poursuit avec la série Das Schloss (2014), qui tire son nom de la maison de famille sise en Lorraine, ordonnant alors un huis clos photographique de ses proches et de ses ancêtres. Afin de mieux raconter l’histoire de ce lieu, montré par traces et petites touches, elle ordonne, face à son imposante chambre, des saynètes intimistes sur le modèle d’une constellation familiale, terme emprunté à la thérapie de groupe qui entend dénouer les problèmes de famille en échangeant les rôles. Réflexion sur l’identité et dimension introspective sont ici à l’œuvre, l’expression du je passant alors par le jeu : jeux de rôles, jeux de masques et jeux de mise en scène sont ainsi réunis par la magie de la photographie. Et la photographe d’investir l’interstice ténu qui sépare la reconstitution de la remémoration, la réalité de la représentation, Imloul suscitant alors une apparition, révélant une image évanescente qui s’énonce telle une réminiscence. Pareille pratique procède d’une interrogation sur les pouvoirs d’indexation du médium, capable de matérialiser la pensée, de générer le redoublement fictionnel des évènements passés.
Chez Moi est une série conçue pendant le confinement, réalisée entièrement dans son appartement parisien. En digne héritière de ses prédécesseurs dadaïstes, elle recourt désormais au collage et intègre à ses prises de vue des images d’alligator, de gazelle ou de pélican qu’elle appelle tendrement ses « innocents », victimes d’un monde de plus en plus coupable de nous couper de la beauté et de la vie. La violence du réel n’est jamais loin; la photographie la sublime simplement.
*Véhiculant un sens théâtral de la composition, ces méticuleuses scénographies, accessoires et décors à l’appui, sont réglées avec une précision de géomètre et nécessitent une préparation minutieuse, échafaudée autour de textes et de croquis. Les temps de pose sont longs, aucune place n’est laissée à l’improvisation, Imloul recherchant avant tout une image au plus près du seuil de son imagination. Devenus purs éléments plastiques, ses proches qu’elle emploie comme modèles adoptent ainsi des attitudes figées, parfois même une gestuelle appuyée. Les visages sont dissimulés, la monstration des corps comme fragmentée, la métonymie les déplaçant alors dans un registre trouble, sans point de fuite. Énigme sous-jacente et tension latente sont souveraines, désignant ainsi une photographie vécue comme un espace labyrinthique où la perte se conjugue à la découverte.
Sara Imloul °1986 (vit et travaille à Paris.) a reçu le prix Levallois en 2019. Elle a publié deux monographies aux Éditions Filigranes : Passages, en 2022 et Das Schloss, en 2014.
Elle a été exposée à la Fondation Manuel Riviera-Ortiz en duo show avec Elina Brotherus dans le cadre
des Rencontres de la Photographie d’Arles 2022.
Lauréate du Prix Levallois 2019 pour la série Passages, de l'Ombre aux Images.
* Maud de la Forterie, Artpress n°488, mai 2021
********** Nederlands **********
Sinds 2008 Sara Imloul beoefent een symbolische en autobiografische vorm van fotografie, doordat ze in haar raadselachtige zwart-wit foto’s innerlijke beelden probeert vast te leggen die ontstaan zijn uit haar herinnering.
*Sinds haar studie aan de EPTA in Toulouse gebruikt ze de calotypie, een procédé dat in 1840 door Henri Fox Talbot werd ontwikkeld en waarmee een contactafdruk kan worden gemaakt vanuit een papieren negatief.
Imloul bewerkt elk negatief met de hand, mengt tekeningen en collages met haar fotografische afdrukken en componeert zo handmatig haar eigen unieke verhaal.
*Ten opzichte van de digitale manipulatie is haar werk tegendraads; het keert veeleer terug naar de oorsprong van het medium. Ze bedenkt haar zwart-witbeelden als echte theaterscènes die recht uit de 19e eeuw lijken te komen. Imloul heeft gekozen voor traagheid, de Arte Povera van de fotografie.
Voor haar eerste tentoonstelling bij Hopstreet Gallery focust Sara Imloul op de reeks Das Schloss (2014), aangevuld met een aantal foto’s uit de series Négatifs (2012) en Chez Moi (2020-2021).
In Imlouls tweede reeks Négatifs (2012) valt het kleine formaat van de calotypes op, maar ook de bijzondere finesse. Imloul belichtte het papier rechtstreeks in haar 4x5 inch camera en creëerde zo unieke werken in negatief op barietpapier.
*De daaropvolgende reeks heet Das Schloss (2014), naar het familiehuis in Lotharingen, en vormt een fotografisch “huis clos”, een fotoreeks “achter gesloten deuren”, van Imlouls familieleden en voorouders. Het verhaal van deze plek wordt aangebracht via sporen en subtiele toetsen. Om het beter te vertellen, ensceneert Imloul, voor het oog van haar imposante camera, kleine intimistische sketches, naar het model van wat in de groepstherapie een familieopstelling wordt genoemd. De therapie probeert familiale probleemsituaties te ontwarren door de familieleden onderling van rol te doen wisselen. De reeks reflecteert over de eigen identiteit en heeft een introspectieve dimensie, waarbij het “ik” zich uitdrukt via het spel : rollenspel, maskerade en enscenering vinden elkaar binnen de magische wereld van de fotografie. De fotografe zelf bevindt zich op de dunne scheidingslijn tussen reconstructie en herinnering, tussen werkelijkheid en representatie. Imloul doet iets verschijnen en onthult een vluchtig beeld dat zich aandient als was het een herinnering. Een dergelijke manier van werken is slechts mogelijk omdat Imloul het indexerende vermogen van het medium fotografie onderzoekt: foto’s zijn immers in staat om gedachten te materialiseren en om de gebeurtenissen uit het verleden te ontdubbelen door er een tweede, fictieve versie van te genereren.
Chez Moi is een reeks die Imloul heeft geconcipieerd tijdens de lockdown en die ze volledig in haar Parijse appartement heeft gerealiseerd. In het spoor van de dadaïsten, van wie ze zichzelf als een erfgename ziet, gebruikt ze hier de collagetechniek. Beelden van alligators, gazellen en pelikanen worden geïntegreerd in de opnames. Ze noemt ze liefkozend haar “onschuldige kinderen”: de dieren zijn immers het slachtoffer van een almaar schuldiger wereld die ons van de schoonheid en het leven afsnijdt. De gewelddadige werkelijkheid is nooit ver weg; de foto’s kunnen haar enkel sublimeren.
*Al deze zorgvuldige scenografieën, compleet met rekwisieten en decors, getuigen van een theatraal gevoel voor compositie. Ze worden neergezet met meetkundige precisie en vereisen een nauwgezette voorbereiding, die wordt opgebouwd rond teksten en schetsen. De belichtingstijden zijn lang, en er is geen ruimte voor improvisatie, want Imloul streeft in de eerste plaats naar een beeld dat zo dicht mogelijk bij de drempel van haar verbeelding ligt. De personen uit haar omgeving die zij als model gebruikt, worden zuiver plastische elementen; hun houding is star en hun gebaren soms zelfs overdreven nadrukkelijk. De gezichten zijn versluierd; de lichamen worden als het ware gefragmenteerd getoond; de metonymie verschuift ze naar een onbestemd register, zonder verdwijnpunt. Wat overheerst is een onderliggende raadselachtigheid en een latente spanning: deze foto’s zijn labyrinten waarin je verdwaalt en tegelijk op ontdekking gaat.
Sara Imloul (°1986, woont en werkt in Parijs) ontving in 2019 de Levallois-prijs. Ze publiceerde twee monografieën bij Éditions Filigranes: Passages in 2022 en Das Schloss in 2014.
Ze stelde tentoon bij de Manuel Riviera-Ortiz Foundation in een duo show met Elina Brotherus in het kader van de Rencontres de la Photographie d’Arles 2022.
De Levallois Prijs 2019 kreeg ze voor de serie Passages, de l’Ombre aux Images.
* Maud de la Forterie, Artpress n°488, mei 2021
Date info
2023-03-16: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-17: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-18: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-23: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-24: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-25: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-30: 13:00:00 - 18:00:00
2023-03-31: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-01: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-06: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-07: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-08: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-13: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-14: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-15: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-19: 18:00:00 - 21:00:00
2023-04-20: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-21: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-22: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-27: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-28: 13:00:00 - 18:00:00
2023-04-29: 13:00:00 - 18:00:00