Plonger

Une nuit, une personne s’avance sur un plongeoir. Appelons-la « L’insomniaque en maillot de bain ». Pendant longtemps, elle semble hésiter sur le rebord. S’entame alors un dialogue avec le maître-nageur, une figure en sandales, mi-ange gardien, mi-concierge, comme jaillie de l’inconscient mais bien réelle. L’insomniaque, c’est chacun·e de nous.  Nous sommes suspendu·es à cette histoire qui parait simple, celle d’une longue hésitation. En réalité Plonger explore le doute, la fragilité, le courage et le désir. L’insomniaque en maillot de bain semble avoir peur de plonger et c’est ce moment juste avant la possibilité du basculement, du choix posé dont Sarah Devaux se saisit. Son langage de prédilection étant celui du corps et de la suspension, elle s’est imprégnée des métaphores d'Éloge du risque d’Anne Dufourmantelle. Dans cet essai, elle perçoit instantanément la puissance évocatrice et théâtrale de certains passages, ce qui lui donne envie de les mettre en scène. Plantée dans un magnifique espace bleu hanté par les sons caverneux et le sifflement de l’eau qui s’agite, Plonger est une création éblouissante et sensorielle qui transporte, au carrefour du cirque et du théâtre. Plonger est un écrin de beauté, fort et poétique. Toute en finesse et pleine d’humanité, la Cie Menteuses nous offre un beau moment aérien et vertigineux où la vulnérabilité devient une force. Plonger tient en équilibre sur les limites, juste avant la prise de décision et nous donne le courage d’accepter notre courage, nos renoncements, nos doutes et nos transformations. Nous l'avons tant aimé, que nous avons choisi de le reprogrammer cette saison 24-25.