« Il est des livres qui vous touchent et vous accompagnent. Le Loup des Steppes,
dont sont extraits Les Carnets de Harry Haller, est de ceux-là ». Frédéric
Schmitt a souhaité porter à la scène ce c
09oktober
-03november
13 Route Du Champ De Manœuvre, 75012 Parijs, Frankrijk
Beschrijving
« De Ménélas et d’Hélène, nous avons des idées, des points de vue qui tiennent souvent de l’arbitraire et du cliché. Le premier est toujours décrit comme un faible, un mou, voire un lâche. Le fait que son mari ne soit pas à la “hauteur” enlève à la fuite d’Hélène, toute force amoureuse. Elle ne part pas avec Pâris, mais elle fuit un type dénué de charme et de beauté. De ce fait elle devient l’archétype de la putain. Celle par qui viennent la discorde et la mort. On lui interdit le droit de disposer de son destin. Et dans cette période archaïque où la femme est l’objet de toutes les convoitises, il est pénible pour les hommes, encore aujourd’hui, de comprendre la décision d’une femme amoureuse. J’ai voulu questionner, comprendre la solitude de Ménélas et redessiner à tâtons les contours de ce chagrin d’amour toujours occulté par la guerre de Troie. J’ai voulu convoquer une parole écrite, une langue dense et ardue, un langage poétique, lyrique, trivial. J’ai voulu remettre au centre le verbe, sans artifices. Ainsi dans la mise en scène, il n’y aura pas d’effets de quelque sorte que ce soit. Il y aura trois chaises, une table, un acteur et deux musiciens. Des rébètès. Depuis longtemps je voulais faire un spectacle à propos de Ménélas et d’Hélène avec mon ami Grigoris Vasilas, bouzoukiste virtuose [...]. Le Rébétiko est une musique qui voit le jour en Asie mineure dans les années vingt. C’est la musique des bas-fonds, le blues de la Grèce. On y chante les amours perdues, les trahisons, les crimes d’honneur, l’alcool, la drogue. Les chants rébètes sont les derniers soubresauts d’une parole libre. N’ont-ils pas été interdits sous la dictature Métaxas ? Oui, ils étaient trop subversifs ces chants, mais surtout ils étaient jugés trop orientaux. Les colonels fascistes rêvaient d’une Grèce occidentale. Le voisin Attaturc n’avait-il pas remplacé le fèz traditionnel par la casquette et surtout n’avait-il pas interdit les confréries soufies ? Oriental était devenu une régression, il fallait être occidental à tout prix. Nous en voyons aujourd’hui les effets pervers. (Ce n’est pas l’idée « occidental » qui est perverse, mais bien entendu le « à tout prix ».) Il fallait briser les bouzoukis et les baklamas, interdire de radio la voix subversive puisque poétique du rébétiko. Les chants rébètes sont les derniers soubresauts de la tragédie grecque. Simon Abkarian
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