Tel Que est une révélation de l'espace de la chapelle Jeanne d'Arc. Par des
objets de quelques millimètres d'épaisseur, Pierre Labat nous fait apparaître
l'immensité horizontale de ce lieu chargé d'histoire(s). Le blanc du plâtre,
presque monochrome, contraste avec les couleurs des vitraux, projetées au sol et
donc sur les sculptures.
Verticalement, c'est la musique de Sylvain Chauveau, spécialement composée dans
et pour le lieu, qui appelle la méditation. Le regard sur ce nouvel espace,
sonore et visuel, nous amène dans un jardin, extérieur par sa nature, intérieur
par les évocations de parcours, des saisons, de la nature, si présente dans
l'histoire religieuse.
« Aucun jeu ne peut se jouer sans règles. » Lech Walesa.
Le jeu a ceci d'étrange qu'il nécessite des règles, que l'on dit respecter
jusqu'à leurs limites. Les peintures présentées dans la crypte de la Chapelle
Jeanne d'Arc sont créées sur des principes proches d'un jeu, des « règles »,
éditées par l'artiste : une figure sur un carré de bois, composé de cinq lattes.
La figure est peinte à nouveau sur trois autres carrés; une fois peintes, les
figures sont découpées selon les lattes, puis rassemblées, carré par carré.
Normalement, la figure ne doit pas être dans son état initial, et la
composition/recomposition doit être unique. Normalement. L'artiste a autant
pensé à Sol Lewitt qu'à Fran?ois Morellet en les peignant. Le premier artiste
(américain), pour l'idée de combinatoire, le second (fran?ais) pour sa géométrie
pleine d'humour. Le premier qui a une salle entière de fresque au Château de
Oiron, le second né à Cholet. Nous sommes à la maison. Pierre Labat a pensé
aussi aux jeux d'enfants, qui partage avec l'abstraction géométrique, l'amour
des carrés bleus ou des cercles jaunes, et celui de la composition.
Tout cela parle donc de mathématique et surtout de géométrie. Cette géométrie
est évidemment proche de celle de l'héraldique, discipline ayant pour objet la
connaissance
et l'étude des armoiries, premières amours de l'historien de la couleur, Michel
Pastoureau, que l'artiste a rencontré en 1996 lors de ses études aux Beaux Arts
de Quimper. Les mathématiques sont aussi présentes, cachées, puisque chaque
peinture est une possibilité sur les quatre cent quatre-vingts qu'offrent les
règles du jeu de l'artiste. Mais plus simplement, cheminant dans la crypte,
comptons : une, deux, trois, quatre... une série de quatorze peintures,
accrochées les unes après les autres; finalement ici l'endroit et le
nombre nous donnent l'indice que l'artiste a aussi pensé ses peintures comme
celle d'un
Chemin de croix, objet singulier, à la fois celui du Christ, et celui de la
peinture moderne du vingtième siècle.
Site web : http://cac.thouars.fr/pierre-labat-2/
