Le Château de Pierrefonds, le château médiéval réinventé sous Napoléon III

Description

Au cœur de l'Oise, le château de Pierrefonds à 80 km de Paris, se dresse comme un livre d'histoire ouvert sur les pages du Moyen Âge, réécrites par l'imagination d'Eugène Viollet-le-Duc sous Napoléon III. Ce monument, mélangeant passé médiéval et fantaisie architecturale, offre une expérience immersive à travers ses salles majestueuses, ses tours impressionnantes et ses cryptes mystérieuses. On vous emmène à sa découverte...

Le château de Pierrefonds, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est le fruit d'une histoire riche débutant bien après la forteresse initiale du XIe siècle. En 1397, sous l'impulsion de Louis d'Orléans, comte de Valois et frère de Charles VI, la construction de cette nouvelle forteresse commence dans le but de consolider son influence et de contrer son rival, Jean Sans Peur, duc de Bourgogne. Ce château, faisant partie d'un ensemble avec ceux de Coucy et la Ferté-Milon, représente un joyau de l'architecture médiévale avec ses innovations défensives comme les tours rondes et les courtines élevées, le rendant pratiquement invulnérable à l'époque.

Cependant, après l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407, le château reste inoccupé jusqu'au XVIIe siècle, quand il sert de refuge aux opposants de Louis XIII. Cette période marque la fin de sa gloire médiévale, car l'avènement de l'artillerie rend ses défenses obsolètes, conduisant à son démantèlement sur ordre du roi en 1617. Les ruines, témoins silencieux de cette grandeur passée, inspirent le mouvement romantique du XIXe siècle, attirant artistes et curieux, malgré leur état délabré.

La renaissance de Pierrefonds s'amorce sous Napoléon III, qui, désireux de transformer ces ruines en résidence impériale, confie en 1857 la restauration à Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc, célèbre pour ses travaux à Carcassonne et à Notre-Dame de Paris. On raconte que Napoléon III hésitait entre remettre en état le château de Pierrefonds et celui de Lavardin, situé dans le Loir-et-Cher. L'impératrice Eugénie, soucieuse de guider discrètement la décision en faveur de sa préférence, aurait suggéré de laisser le sort décider par un tirage au sort. Cependant, pour assurer le résultat, elle aurait astucieusement inscrit "Pierrefonds" sur les deux bouts de papier utilisés pour le tirage, scellant ainsi le destin du château.

Cette ruse de l'impératrice Eugénie a non seulement déterminé le sort du château de Pierrefonds mais a également marqué le début d'une transformation spectaculaire. Sous la houlette de Viollet-le-Duc, le château est métamorphosé en une résidence impériale somptueuse, reflétant un idéal médiéval romantique. Le projet, débuté en 1857, visait à recréer un passé chevaleresque idéalisé, s'inscrivant parfaitement dans la philosophie de restauration de Viollet-le-Duc, pour qui restaurer un monument impliquait de le rétablir dans une forme parfaite. La famille Impériale n'aura finalement jamais habité les lieux. Après la chute du Second Empire, les travaux sont arrêtés et le château devient la propriété de l'État. Il est ouvert au public dès 1867 en tant que musée de l’art médiéval. C'est la raison pour laquelle certaines salles du château de Pierrefonds ne sont pas décorées et que le mobilier manque en partie.

Aujourd'hui, le château de Pierrefonds, géré par le Centre des monuments nationaux, se dresse fièrement au-dessus du village, attirant chaque année des milliers de visiteurs. Ces derniers viennent admirer l'alliance réussie entre médiéval et Second Empire, s'imprégner de l'histoire et de la culture du lieu réinventé.

Le temps de grimper jusqu'au château depuis le parking, on découvre les 8 grandes tours défensives qui entourent l'édifice, chacune ornée de statues de Preux Chevaliers. Le prince Louis d’Orléans avait fait réaliser sept grandes statues de "Preux", placées dans des niches. Les figures de Jules César et de Charlemagne dominent sur les plus hautes tours, tandis que le roi Arthur et Alexandre le Grand ornent la façade Sud. À l'Ouest, on retrouve Godefroy de Bouillon, Josué et Hector de Troie. Judas Maccabée, quant à lui, est absent, et le roi David, le neuvième preux, est célébré dans la chapelle. Ces sculptures, gravement altérées par le temps, ont été fidèlement reconstituées durant les travaux de restauration menés par Viollet-le-Duc, à l'exception de celle d'Hector, qui date du 14ème siècle et a survécu à l'épreuve du temps. L'Annonciation sculptée, œuvre gothique située entre les tours César et Charlemagne du château, est également une création de l'époque de Louis d'Orléans.

Le châtelet d'entrée, oeuvre de Viollet-le-Duc (un fossé qu’enjambe un pont-levis et une double herse), introduit à une cour d'honneur où la rudesse médiévale rencontre l'élégance de la Renaissance, peuplée de créatures fantastiques imaginées par l'architecte. L’escalier situé derrière la statue de Louis d’Orléans est gardé par quatre animaux fantastiques, tels des sphinx, sculptés par Emmanuel Frémiet.

Les casernements, convertis en espaces d'exposition, dévoilent l'ampleur de la restauration du château, à travers des plans, des photographies et des maquettes.

La chapelle, nichée dans la tour de Judas Macchabée, évoque la splendeur de la Sainte-Chapelle, avec une tribune supérieure et une statue de Viollet-le-Duc en saint Jacques le Majeur. La chapelle a subi une transformation radicale pour renaître de ses cendres. Son extérieur, caractérisé par un porche finement ouvragé, une rosace et des gargouilles, rend un vibrant hommage au style gothique. Elle est probablement le seul édifice cultuel connu en France à posséder une tribune au-dessus du chœur.

Les figures sculptées sur le portail de la chapelle rendent hommage à des figures historiques : à gauche, on trouve Louis d'Orléans et, à sa droite, la princesse Valentine Visconti, son épouse. La statue centrale est d'autant plus intrigante qu'elle incarne un pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle, avec les traits d'Eugène Viollet-le-Duc. Loin de toute vanité, cette représentation est en réalité un tribut de son gendre Maurice Ouradou, qui prit la relève du projet après le décès de Viollet-le-Duc en 1879.

La Maison Monduit, renommée pour son expertise en couverture, a magistralement œuvré à la réalisation de la "plomberie d'art" du château, exécutant les visions de Viollet-le-Duc. Cette entreprise, ayant déjà à son actif des œuvres majeures telles que la statue de l'archange Michel sur la flèche du Mont-Saint-Michel, la statue de la Liberté et le Lion de Belfort, confirme son prestige.

L'exposition à l'étage dévoile un assortiment impressionnant d'œuvres en plomb et en cuivre martelé, fruits du talent de l'atelier au tournant du 19ème siècle. On découvre ensuite les plâtres originaux, ayant servi à la création des sculptures qui parent les murs de l'édifice, elles sont exposés devant une cheminée imposante, accompagnés des modèles des neuf "Preuses". On découvre également une maquette de la fameuse salle des preuses.

Le logis seigneurial abrite des salles richement décorées dans le style néo-gothique, dont la salle des blasons, qui préfigure l'Art nouveau. La salle des Preuses (actuellement en travaux), inspirée du château de Coucy, avec son plafond en carène de navire renversée, est un éblouissant exemple de la vision de Viollet-le-Duc.

Passé les murs immaculés de pierres blanches, le salon de réception éblouit par son éclat coloré, espace jadis dédié aux proches de la dynastie impériale. Cet univers vibrant a été façonné par l'imaginaire de Viollet-le-Duc, qui a puisé son inspiration dans la flore et la faune médiévales pour le décor sculpté et peint.

Adoptant les techniques ancestrales de la peinture à la détrempe, en vogue du 15ème au 16ème siècle, l'artiste a habilement fusionné les pigments avec du jaune d'œuf, de la colle de peau ou de la gomme arabique avant de les apposer sur des enduits préparés, donnant vie aux murs avec une intensité de couleurs remarquable. Près de la cheminée, des pièces de mobilier d'époque captivent le regard, notamment une banquette exceptionnelle à dossier modulable ornée de motifs floraux, conçue par Viollet-le-Duc dans un souci d'harmonie avec l'architecture et la décoration ambiantes.

L'architecte a également disséminé à travers l'espace des chimères et des créatures fantastiques, élevant les boiseries à l'état d'œuvre d'art. À travers ces éléments, Viollet-le-Duc exprime sa passion pour le Moyen Âge et invite les visiteurs à s'immerger dans l'histoire fascinante du château. Levant les yeux dans la chambre de l'Empereur, on découvre une frise médiévale narratif dépeignant l'épopée d'un chevalier, de sa naissance à ses exploits héroïques.

Des abeilles, emblème de l'Empire napoléonien, ornent la cheminée, tandis que des aigles stylisés décorent les murs à l'aide de pochoirs. Sous le plafond, une frise orange aux motifs inspirés de la nature évoque davantage l'Art Nouveau que le Moyen-Âge à mon regard. Les murs sont également agrémentés de plusieurs tableaux encadrés, dépeignant le château de Pierrefonds en tant que "ruine romantique" avant sa restauration, accrochés avec soin sur les boiseries.

On découvre également la salle d'Armes en travaux, ornée d'écussons et de dessins héraldiques. Au XIXe siècle, cette pièce exposait la collection d'armes de l'empereur, suspendue aux imposants blasons en bois.

Sous la majestueuse salle des Preuses se trouve la salle des Gardes, imaginée par Viollet-le-Duc pour abriter les mercenaires. Aujourd'hui, elle expose des fragments de l'ancien château et une maquette impressionnante, témoin de l'exposition universelle de 1878.

On découvre également la maquette du château, réalisée entre 1967 et 1878 sous la direction de Lucjan Wyganowski, principal aide de Viollet-le-Duc et inspecteur des travaux de Pierrefonds de 1858 à 1885, par les tailleurs de pierre Amédée Selle père et fils, Lecot fils Victor et Léopold Devillers et Charly Demarle. Elle a été exposée à l'exposition universelle de 1878 puis au musée de Cluny en 1879.

La crypte, accessible par un escalier discret, est un lieu chargé de mystère, où sont exposées des copies de gisants de la basilique de Saint-Denis, installées dans un décor sonore et lumineux captivant, créant le "bal des gisants".

Notez que le Château de Pierrefonds a acceuilli un certain nombre de tournages de films devenus célébères : Papy fait de la résistance (1983, Les Couloirs du temps : les Visiteurs 2 (1998) de Jean Poiré ou Jeanne d’Arc de Besson (1999), le feuilleton Les Rois Maudits (2004) ou encore la série Merlin de la BBC (2008)…

Pour rejoindre le château de Pierrefonds en voiture depuis Paris et l'Île-de-France, empruntez l'autoroute du Nord (A1), suivez l'A104 près de Roissy-Charles-de-Gaulle, puis prenez la N2 direction Soissons. Sortez vers Crépy-en-Valois et traversez cette ville en suivant les indications pour Pierrefonds, bien que le fléchage soit perfectible. Après environ 15 km de route pittoresque à travers la vallée de l'Automne et du Valois, le château apparaîtra, dominant le paysage. Un parking gratuit est disponible rue Sabatier, tout près de l'entrée. Une alternative, utilisant des routes à péage, consiste à quitter l'A1 à la sortie 9 vers Compiègne, passer par Lacroix-Saint-Ouen après avoir traversé l'Oise, puis emprunter la D85 à travers la forêt de Compiègne. Les visiteurs venant de Lille ou du nord de la France peuvent prendre l'A1 jusqu'à la sortie 11 vers Compiègne, contourner la ville et suivre la D973 jusqu'à Pierrefonds. Le site est peu accessible en transports en commun.

Le château est ouvert aux visiteurs du 2 mai au 4 septembre de 9h30 à 18h, et du 5 septembre au 30 avril de 10h à 17h30. Il est important de noter que le dernier accès au monument est possible une heure avant la fermeture, et que le parc ferme ses portes 45 minutes avant la fermeture du monument. Les jours de fermeture annuelle incluent le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre.

Quant aux tarifs, l'entrée individuelle est fixée à 9 €. Des billets jumelés et triplés sont également disponibles, permettant de visiter d'autres sites culturels à proximité : le billet jumelé avec la Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts est à 15 €, et le billet triplé, incluant également le Domaine national du château de Coucy, est proposé à 20 €. La gratuité est accordée aux moins de 18 ans, aux jeunes de 18 à 25 ans ressortissants des pays de l’Union Européenne ou résidents réguliers non-européens sur le territoire français, aux personnes en situation de handicap et leur accompagnateur, aux demandeurs d'emploi sur présentation d'une attestation de moins de 6 mois, ainsi qu'aux détenteurs du Pass éducation en cours de validité. De plus, l'entrée est gratuite pour tous le premier dimanche des mois de janvier, février, mars, novembre et décembre, ainsi qu'à l'occasion des Journées du Patrimoine.

Bref, le château de Pierrefonds est un témoignage vivant de l'histoire médiévale et de la créativité du XIXe siècle, nous offrant une expérience riche en découvertes. Entre ses murs, le passé et la vision d'un architecte se rencontrent pour raconter une histoire unique qu'on vous recommande de découvrir.

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Tarifs: Moins de 26 ans UE : Gratuit1er dimanche du mois de novembre à mars inclu : GratuitBillet adulte : 9€

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