Alix Dussart - Ce débris dont rien n'est venu à bout

Description


*** Français ***

Puisque toute quête se prépare avec sérieux, il faut inventorier ses outils : une lance, un couteau et mes mains. Finalement le couteau pourra être une barque. Je dois prendre tous les morceaux avec moi. Je prends aussi le plâtre, l’eau et le temps. Mes doigts et mon bois. Le charbon suivra. Ou bien l’inverse ? Oui, d’abord il y aura le charbon, avec lequel je pourrais reconstituer la carte au sol. Grâce à elle, on voit les structures souterraines. Je ne dois surtout pas oublier cette carte, celle de mes origines, pliée, repliée, dépliée. Nous pourrons la transmettre à celleux qui viennent après nous. (Ai-je bien pris la bonne ?... Ce n’est pas très grave car de toute façon les continents se rejoignent à certains endroits). Nous pourrions aussi laisser des traces de notre passage, pour un trajet retour, ou pour un trajet futur, pour les autres. Lorsqu’on entre, cela fait l’effet d’une grotte. On ressent presque cette température sourde, comme une densité tranquille et fragile qui transpire des parois et nous enveloppe. Tout est là, mis à nu, classé, présenté. Et maintenant que tout est prêt il faut négocier avec la peur et le noir, qui doivent laisser une place aux marques, aux repères ainsi qu’aux fondations. Je me revois encore lorsque je n’étais qu’une petite boule noire, laineuse, presque râpeuse. Mais je me suis laissée polir, un peu. Comme ces couteaux. Et maintenant que mes mains sont habiles elles peuvent à leur tour poncer, tracer, couper, apposer, mouler, tailler, ranger, creuser, et laisser leurs empreintes. C’est drôle on croirait presque que ces branches d’eucalyptus se sont changées en os. C’est que la matière continue sa transformation elle aussi et certainement que nos mémoires se retrouveront quelque part pendant ce voyage. Je crois que nous devrions continuer notre progression en restant relié.e.s au sol, pour retenir les particules, les poussières, pour ne pas que tout ce qu’on a récolté s’envole. Et si les eaux montent, nous pourrons toujours nous tenir aux linteaux, au x lin te aux, a ux li n ea x x i n t a e u x a li Blandine Lehec


*** Nederlands ***

Aangezien een zoektocht nu eenmaal een grondige voorbereiding vergt, is ook hier een inventaris van mijn gereedschap op zijn plaats: een speer, een mes en mijn handen. Het mes kan uiteindelijk ook een boot zijn. Ik moet alle stukken met me meenemen. Verder neem ik ook de pleister, het water en de tijd mee. Mijn vingers en mijn hout. En vervolgens ook de houtskool. Of andersom? Jawel, eerst is er de houtskool waarmee ik de kaart op de grond kan uittekenen. De kaart laat ons de ondergrondse structuren zien. Ik mag haar absoluut niet vergeten, de kaart van mijn roots, gevouwen, dubbel gevouwen, uitgevouwen. We kunnen haar doorgeven aan zij die ons achterna komen. (Nam ik wel de juiste mee?... Ach, dit is niet zo erg want hoe dan ook komen de continenten op bepaalde plaatsen samen). We kunnen ook sporen achterlaten van onze tocht, voor onze terugkeer of voor anderen die na ons komen. Bij het binnengaan krijg je het gevoel dat je een grot betreedt. Je voelt bijna die ondergrondse temperatuur, de rust en kwetsbaarheid die van de muren afdruipt en ons omhult. Alles is er, onthuld, geklasseerd, gepresenteerd. En nu alles klaar is, moet er onderhandeld worden met de angst, met de duisternis, die plaats moeten laten voor de merktekens, de bakens en de funderingen. Ik zie me nog als klein wollig zwart bolletje, bijna schurend. Maar ik heb mij laten slijpen, of toch in zekere zin. Zoals die messen. En nu mijn handen vaardig geworden zijn, kunnen ze op hun beurt polijsten, schetsen, snijden, aanbrengen, vormen, rangschikken, graven en hun sporen maken. Vreemd toch hoe je bijna zou kunnen denken dat deze eucalyptustakken veranderd zijn in botten. Het moet toch zijn dat ook de materie zijn transformatie voortzet en dat onze memories elkaar ergens op deze reis zullen treffen. Ik denk dat we onze voortgang moeten verderzetten vanuit onze verankering met de bodem, om de deeltjes, het stof tegen te houden, opdat niet alles wat we verzameld hebben komt te vervliegen. En bij wassend water, kunnen we ons vasthouden aan het dwarshout, a an het dw arsho ut, aa n he t dw a rs h out Blandine Lehec


*** English ***

When we go in, it feels like entering a cave. The underground temperature is almost palpable, like a quiet and fragile density dripping from the walls and enveloping you. Everything is there, laid bare, classified and on display. And now that everything is ready, it is necessary to bargain with the fear and the darkness, which must leave room for markings, points of reference and the foundations. I can still see myself when I was just a little black ball, woolly, almost raspy. But I let myself be buffed up, a little. Like these knives. And now that my hands are skilful, they can, in turn, sand, trace, cut, affix, mould, carve, arrange, dig, and leave their prints. It's funny, you'd almost think that these eucalyptus branches have turned into bone. The point is, matter continues to transform, too, and our memories will undoubtedly meet at some point on this journey.I think we need to continue our journey by staying grounded, in order to retain the particles, the dust, so that all that we have collected does not disappear into thin air. And if the water rises, we can always hold on to the wooden lintels, the lin tels, the li n t els Blandine Lehec

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