Voici un programme conçu spécialement pour Saint-Étienne et pour l’orgue de
l’église Saint-Louis, qui sert si admirablement le répertoire baroque allemand.
Bach et Couperin : plus qu’à une joute d’organistes, si fréquentes au début du
XVIIIe siècle, c’est bien davantage à un miroir que fait penser cette affiche.
Bach et Couperin sont tous deux les fleurons de deux grandes dynasties de
musiciens, l’une allemande, l’autre française. Chacun s’illustra aussi bien à
l’orgue qu’au clavecin. Le miroir n’est pas entièrement fidèle cependant ; si
Couperin n’a certainement pas connu l’œuvre de Bach, au contraire celui-ci
admirait l’œuvre de l’organiste de Saint-Gervais (on sait ainsi qu’il possédait
la partition et connaissait très bien le Huitième Ordre, auquel la seconde
partie du concert est consacrée). Il a patiemment et fertilement recopié une
partie des œuvres de Couperin et d’autres maîtres français de son époque. Et les
œuvres choisies par le savant et brillant claveciniste et organiste Jean-Luc Ho
pour la première partie de son récital, consacrée à Bach, le proclament. Genre
français de la passacaille, écriture dense à 5 voix héritée du modèle français,
richesse de l’ornementation... Si Bach a su tirer tout son parti du modèle
italien, il a aussi fait son miel des chefs-d’œuvre des grands claviéristes
français de son temps. Se clôturant, comme il a commencé, par une passacaille,
ce concert illustre avec intelligence et sensibilité le voyage du style français
au début du XVIIIe siècle.