La Maison et les Jardins de Claude Monet à Giverny, la douceur de vivre à 2 pas de Paris
01april 2023
-31oktober 2023
La Maison et les Jardins de Claude Monet, situés à Giverny ont rouvert leurs
portes en avril. Un lieu d’histoire, qui raconte un Monet intime. On s’attend
presque à entendre la voix du Maître dans ses jardins, le voir apparaitre sous
la glycine du fameux pont japonais, sentir les effluves des repas concoctés pour
sa famille et ses amis dans la cuisine bleue, et suivre sa silhouette en
direction du grand atelier.
Hier comme aujourd’hui, loin du bruit et de l’agitation de la ville, la maison
et les jardins de Claude Monet expriment une douceur de vivre qu’il faut se
dépêcher d’aller goûter.
"Dès que l’on pousse la petite porte d’entrée, sur l’unique grande rue de
Giverny, on croit entrer dans un paradis. C’est le royaume coloré et embaumé des
fleurs. Chaque mois est orné de ses fleurs, depuis les lilas et les iris
jusqu’aux chrysanthèmes et aux capucines. Les azalées, les hortensias, les
digitales, les roses trémières, les myosotis, les violettes, les fleurs
somptueuses et les fleurs modestes se mêlent et se succèdent sur cette terre
toujours prête, admirablement soignée par des jardiniers émérites, sous l’œil
infaillible du maître.
Si c’est le moment des roses, toutes les merveilles aux noms glorieux vous
entourent de leurs nuances et de leurs parfums. Elles sont sur pieds espacés, en
buissons, en haies, en espaliers, grimpant aux murs, accrochées aux piliers et
aux arceaux de l’allée centrale. Il y a les plus rares et les plus ordinaires,
qui ne sont pas les moins belles, les roses simples, les touffes d’églantines,
les plus vives et les plus pâles, et toutes les corolles disent une heure
enchantée, vocalisent le chœur de l’été, font croire au décor du bonheur
possible. (...)" Gustave Geffroy, Monet, sa vie, son œuvre, 1924 (réédition :
Macula, 1980)
TULIPES, PENSÉES ET PIVOINES...
S’inspirant de l’audace dont fit montre le maître des lieux, tant sur ses toiles
que sur ses terres, l’équipe de jardiniers cultive l’innovation dans le
sanctuaire givernois. De nouvelles variétés de tulipes vont, ainsi, éclore dans
les jardins du peintre impressionniste. La tulipe Françoise, qui produit
d’onctueuses fleurs ivoire subtilement flammées de jaune tendre, va côtoyer la
Colour Fusion, aux pétales striés de violet et surlignés de blanc et jaune. «Une
opposition osée qui va enflammer les massifs», promet Rémi Lecoutre, le chef
jardinier adjoint !
La Burgundy lace -dentelle rouge vif-,la Crown of dynasty -rose et blanc- ou
encore la Finola -rose tendre et blanc- grossissent elles aussi la liste des
nouveautés. De nouvelles pensées ont également rejoint les rangs.
Quant au jardin d’eau, il va accueillir de somptueuses pivoines arbustives
spécialement importées du Japon par l’entreprise André Eve. Citons aussices
scilles du Pérouplantés pour la première fois dans les massifs bordant la maison
du maître impressionniste...
UNE ARCHE HISTORIQUE RECONSTRUITE À L’IDENTIQUE
À peine arrivé à Giverny, Claude Monet a dégagé la vue du clos Normand en
abattant les épicéas qui assombrissaient l’allée centrale et met en place de
gracieux arceaux pour supporter des rosiers grimpants.
Combien sont passés sous cette arche pour venir voir le Maître lors d’un de ces
rituels déjeuner du dimanche : Georges Clemenceau, Camille Pissarro, Octave
Mirbeau, Auguste Rodin, Auguste Renoir, Sacha Guitry, les Durand-Ruel, ou encore
de Gustave Caillebotte. C’est un pan de l’histoire de France qui s’était ainsi
effondrée sous le passage de la tempête mal nommée Aurore au mois d’octobre
2021. L’arche détériorée a été démontée par une entreprise locale spécialisée
dans la menuiserie métallique et va être reconstruite à l’identique. Gorgée de
fleurs et baignée de lumière, la grande allée et son arche flambant neuve seront
au rendez-vous de la réouverture de ce printemps.
QUAND LE JAPON IMPRESSIONNA CLAUDE MONET...
En 1867, l’Exposition universelle parisienne reçoit la première délégation
officielle nippone. Telle une traînée de poudre, l’orientalisme et plus
particulièrement le japonisme conquièrent penseurs, artistes et autres esthètes
occidentaux. Claude Monet témoigna-t-il d’un goût précoce pour cet art subtil ?
En 1924, il affirme à l’écrivain Marc Elder avoir acquis, au Havre, sa première
estampe japonaise en 1856. L’histoire pourrait-elle le contredire ? Il faut,
semble-t-il, attendre les années 1860 pour que les gravures des artistes Hokusai
ou Utamaro circulent parmi les collectionneurs... Dans son récit «La 628-E8»
publié en 1907, Octave Mirbeau livre une toute autre version : l’écrivain y
narre, dans un chapitre intitulé «La découverte de Claude Monet», une scène
datée de 1871 et qui prend pour cadre la ville de Zaandam en Hollande. Claude
Monet y aurait déniché ses premières estampes chez un commerçant qui les
utilisait pour emballer fromages et autres denrées alimentaires !
«Ma collection était en train depuis longtemps, nuancera plus tard l’intéressé.
Mais il est vrai que j’eus la bonne fortune de découvrir un lot d’estampes chez
un marchand hollandais !». C’est guidé par les conseils du collectionneur Kojiro
Matsukata, mai aussi des marchands d’art Tadamasa Hayashi et Samuel Bing que
Claude Monet se constituera une collection de premier ordre. Sans héritier,
Michel Monet, second fils du peintre, léguera en 1966 et par voie testamentaire
l’intégralité de ce fantastiquetrésor à l’Académie des Beaux-Arts...
Des chefs-d’œuvre d’Utamaro et Hokusai mais aussi des pièces plus rares d’Eiri
et Eisho ou Sharaku lui ayant appartenu font l’objet d’une édition inédite et
les copies de ces œuvres sont accrochées dans la maison, là où le maître mettait
ses œuvres favorites.
© Maison et Jardins Claude Monet Giverny - droits réservés© Maison et Jardins
Claude Monet Giverny - droits réservés