Zombis : la mort n'est pas une fin ? L'exposition aux frontières du vivant au musée du Quai Branly

Description

Le musée du Quai Branly nous plonge dans les mystères de la vie et de la mort, avec l'exposition Zombis : la mort n'est pas une fin ?, à découvrir du 8 octobre 2024 au 16 février 2025.

Croyances religieuses, rites vaudous ou figure monstrueuse de la pop culture : le zombi est un être fascinant pour bien des raisons. Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac nous propose de retourner aux origines de ce mythe, dans une exposition impressionnante à découvrir du 8 octobre 2024 au 16 février 2025.

Dans l'exposition Zombis : la mort n'est pas une fin ?, le musée rassemble de nombreux objets et propose des reconstitutions de sites religieux, pour nous entraîner dans ce monde aux frontières de la mort.

La première partie de l'exposition nous permet d'abord de comprendre les croyances et les rites du vaudou haïtien, dont est originaire la figure du zombi.

Oubliez le mangeur de cervelle, chasseur d'humain que vous avez pu voir à la télévision. L'origine du mythe est toute autre... Mais pas forcément moins dérangeante. Dans la religion vaudou, la zombification était une punition infligée à un criminel récidiviste. Tueurs, voleurs ou violeurs étaient jugés incapables de vivre en société, représentant un danger pour les autres. Les coupables passaient alors devant des tribunaux mystiques de sociétés de l'ombre. Ils étaient condamnés à être drogués et enterrés vivants, dans un état de mort apparente. Ils passaient une nuit sous terre, puis étaient déterrés et étaient réduits en esclavage. Ce châtiment était considéré comme étant pire que la mort. D'autres croyances qualifiaient de "zombis" les personnes atteintes de maladie "psychiatrique", ou ceux dont on avait volé l'identité.

Pour illustrer ces rites et ces sociétés si éloignées de nous, le musée du Quai Branly a mis en scène un rituel de zombification, en reconstituant un temple et un cimetière vaudou. On découvre également une « armée de guerriers Bizango », des poupées "fétiches", gardiens de la société vaudou secrète des Bizango.

Maléfices, divinités et esprits, matériel de sorcier, fétiches : on peut admirer dans cette partie une collection étonnante d'objets liés à ces croyances.

Le musée présente ensuite plusieurs pièces historiques et anthropologiques, qui dévoilent les diverses influences de la culture vaudou. Ces pratiques des Caraïbes sont nées de la rencontre forcée des religions d'Afrique sub-saharienne, du catholicisme imposé par les colons et marchands d'esclaves, et des rites et connaissances anciennes des peuples des Caraïbes. Les croyances et les pratiques se sont ainsi mélangées : vie et mort, esprits, imagerie religieuse, usage des stupéfiants... Tous ces éléments ont donné naissance aux zombis vaudous.

Cependant, ces créatures ne ressemblent en rien à celles que nous connaissons aujourd'hui. La première mention d'un zombi dans la littérature européenne date de la fin du XVIIe siècle. Ce monstre sera délaissé au profit des vampires ou des fantômes jusqu'au XXe siècle. À cette période, Haïti est militairement occupée par les Etats-Unis, et les croyances autochtones refont surface. Le zombi devient alors un monstre terrifiant, une menace presque immortelle et contagieuse, reprise dans les films, les séries, les bandes dessinées, les chansons, les jeux vidéo...

Les créatures de The Walking Dead n'ont néanmoins pas beaucoup de rapports avec les malfaiteurs drogués d'Haïti. La culture populaire et la recherche anthropologique se font face à face dans cette dernière partie de l'exposition, explorant ainsi toutes les représentations du zombi.

Le musée du Quai Branly nous propose ici un voyage fascinant dans la religion vaudou. Âmes sensibles s'abstenir, les rites de zombification expliqués à travers l'exposition peuvent faire pâlir les plus courageux d'entre nous. Les mises en scène, les textes explicatifs et les œuvres réussissent cependant très bien à retranscrire cette culture si spéciale et fascinante. Des témoignages recueillis depuis le XXe siècle viennent donner vie à ces rituels qui semblent parfois trop irréelles.

L'exposition aborde ainsi les racines de la religion vaudou, les influences chrétiennes, les liens avec la traite esclavagiste, les attaches et les différences avec les pratiques au Bénin... Les thèmes sont nombreux, et on regrette que l'exposition ne soit pas plus longue, plus fournie, pour nous permettre d'en apprendre encore plus sur le vaudou et les zombis.

Le musée du Quai Branly nous propose une exposition fascinante, à voir sans attendre.

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