A l’occasion du Uhoda Jazz à Liège [https://jazzaliege.be/?lng=fr]
JOHAN DUPONT TRIO
On peut l’affirmer : le trio formé par le pianiste Johan Dupont, la bassiste Bo
Waterschoot et le batteur et percussionniste Stephan Pougin promet une soirée
riche en émotions.
Pianiste de formation classique, Johan Dupont a étudié la musique improvisée
avec Garett List au Conservatoire de Liège, et le jazz avec Eric Legnini au
Conservatoire Royal de Bruxelles. Improvisateur curieux et ludique, d’une
aisance jamais démonstrative, il a notamment accompagné le guitariste manouche
Samson Smith et les chanteuses lyriques Julie Mossay et Sarah Laulan.
Passée elle aussi par le Conservatoire Royal de Bruxelles et la classe de Michel
Hatzigeorgiou, puis par le prestigieux Musician Institute de Los Angeles, Bo
Waterschoot est une authentique surdouée de la basse sous toutes ses formes. On
a pu la voir accompagner des artistes aussi divers que Urban Trad, Sébastien
Duthoit, Bruno Castellucci ou Sophie Cavez, pour n’en citer que quelques-uns,
dans des répertoires allant du folk au contemporain en passant par le jazz, la
pop, le métal, le rock, et la musique brésilienne.
Ancien élève de la légende du jazz Billy Hart et de Georges-Elie Octors (qui
dirigea l’ensemble Musiques Nouvelles), Stephan Pougin est quant à lui un
percussionniste éclectique, rétif aux frontières musicales, ce dont témoigne une
carrière déjà riche de très nombreuses collaborations, de Tuur Floorizone à
Panta Rhei, de Steve Houben à Mikis Théodorakis, de la musique baroque au jazz,
ou du folk à la Bossa Nova.
On l’aura compris, ces trois-là ne sont pas de ceux que les mélanges et les
métissages effraient. Les compositions inclassables de Johan Dupont explorent,
avec délicatesse, un espace musical baigné d’enfance et de nostalgie, peuplé des
souvenirs doux-amers d’un paradis perdu, là où tout était possible, où rien ne
manquait. C’est bouleversant et lumineux. Il fallait bien trois artistes aussi
intrépides que sensibles pour se risquer sur pareil territoire.
Le concert accompagne la sortie du très attendu premier album du trio qui sort
sur le label Flak Records (distribution PIAS).
MR GISCARD & JOANNA
Description
TICKETS DISPONIBLES LE 21 FÉVRIER À 11H
DOUBLE AFFICHE EXCEPTIONNELLE POUR LE REFLEKTOR
MR GISCARD
Il s’appelle monsieur Giscard. Il n’a jamais été centriste, ni président, et sûrement n’a développé aucun tropisme pour les diamants. Mais comme son prénom est Valery, il fut un temps où lorsque ses interlocuteurs lui demandaient la nature d’un tel prénom masculin, le jeune homme avait pour habitude de répondre : « Valery ? Comme le président ». Du coup c’était presque devenu naturellement un nom composé et c’est ainsi resté. Gonflé, c’est aussi une manière de s’attribuer une carte d’identité qui atteste d’une volonté de mettre de la distance et du décalage en toute chose. Monsieur Giscard, contrairement à son illustre roi républicain, a de quoi tenir ses promesses avec ce premier programme musical de cinq titres qui pourrait bien provoquer une révolution de velours dans le monde de la chanson française. L’art du décalage est partout chez ce jeune homme de 28 ans, ultra séduisant par sa nonchalance masculine et sa candeur virile.
JOANNA
Depuis la sortie en 2018 de son premier morceau “Séduction”, Joanna s’est affirmée comme une voix à la fois puissante et éthérée de la nouvelle scène pop française. Autodidacte et touche-à-tout, l’artiste, originaire de Rennes, s’est depuis fait remarquer grâce à Vénus, un premier EP entre mythologie, féminisme et R’n’B, et Sérotonine, un premier album narratif qui emmenait ses auditeurs et auditrices dans toutes les étapes d’une relation amoureuse, du premier regard à la déchirure, ainsi qu’à la renaissance. Aujourd’hui, elle revient avec WHERE IS THE LIGHT ?, un deuxième album au récit plus autobiographique. Plus intime et ancré, il marque un changement musical dans le parcours de Joanna.
De l’ombre à la lumière
C’est au cœur d’une dépression que WHERE IS THE LIGHT ? voit le jour. Il faut garder cette information en tête à l’écoute de cet opus, baigné dans une atmosphère singulière qui opère comme un remède nécessaire pour apaiser nos maux. WHERE IS THE LIGHT ? est imaginé comme un diptyque entre les ténèbres et la splendeur. Ou plutôt, comme un chemin, qui part des Enfers (citées dans “FIGHTING”, morceau d’empowerment par excellence), pour finir au-dessus des étoiles. Tout au long du disque, les morceaux les plus aériens, quasiment conçus comme des berceuses (comme “RÊVERIE” dont le piano, couplée au chant mystique de Joanna, ont un effet réparateur) laissent place à des chansons d’une intensité haletante, à l’image de “MÉTA DEUIL” et sa production hyperpop qui nous attrape et ne nous lâche pas.
Entre l’acoustique et l’électronique, WHERE IS THE LIGHT ne choisit pas. Ou plutôt, il choisit les deux, et apprend à les fondre ensemble, dans des suites d’accords tantôt vaporeux, tantôt acérés. Au piano succèdent les violons, puis les rythmiques rock et même techno, en passant par les synthétiseurs vintage choisis pour l’enregistrement de l’album. Rien n’a été laissé au hasard, jusqu’au moindre glitch : « Les rythmiques choisies sont puissantes, c’est pourquoi nous avons mixé beaucoup de batteries acoustiques avec des sonorités très électroniques, pour donner rendre les émotions physiques » déclare Joanna à propos des choix de production.
Rester authentique
À la première écoute, difficile d’ignorer que WHERE IS THE LIGHT ? transpire d’honnêteté. Là où Sérotonine imaginait le récit chronologique d’une histoire d’amour fictive, WHERE IS THE LIGHT ? est une œuvre complètement autobiographique, née du regard que l’artiste a osé poser sur elle-même, au cœur d’une période trouble. En partant de l’intime, Joanna raconte l’universel. L’histoire d’une reconstruction, ses hauts et ses bas, qui paraissent parfois insurmontables : « Je me suis retrouvée face à moi-même, et j’ai dû sortir de l’ombre pour rester en vie. C’est ce que raconte l’album : comment retrouver la lumière par soi-même ».
Pour ce faire, elle est pour la première fois dans son parcours, pleinement impliquée dans la composition et la production des titres. Après des années passées à observer les autres, à y toucher, un peu, de loin, Joanna s’est engouffrée dans les affres de la création musicale, afin de pouvoir prendre toutes les décisions par elle-même. En résulte 14 morceaux aux productions électroniques et acoustiques, parfois ultra-présentes et impérieuses, comme sur “L’ORAGE N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI FORT”, mais aux mélodies qui savent aussi se faire plus discrètes pour laisser la voix se déployer. C’est notamment le cas du morceau “CE N’EST PAS SI GRAVE”, qui affirme le statut de vocaliste de Joanna, tout en exorcisant ses traumatismes.
WHERE IS THE LIGHT ? est un parcours semé d’embûches, emblème de la résilience, du lâcher prise et de l’acceptation. Il marque ainsi la renaissance d’une artiste qui a su regarder au plus profond d’elle-même pour faire naître une œuvre pleines de nuances, à écouter jusqu’à l’extase.