MOI LANDRU

Certains êtres, plus que d’autres, peuvent être fascinants, déroutants et troublants. Ainsi en est-il d’Henri Désiré Landru, tueur en série sans compassion ni remords, qui en quatre ans fit disparaître une dizaine de personnes avant d’être arrêté et condamné à mort ! Escroc, manipulateur, insensible, comment ne pas penser qu’un jour ou l’autre, ce Barbe Bleue des temps modernes attirerait l’attention d’un auteur tel que Manuel Pratt, lui offrant par son parcours, ses actes et sa fin, une incroyable matière à disséquer une âme humaine en errance. Le voici alors, sous la plume de cet amoureux de l’humour incisif et sous les traits de son complice Jean-Marc Santini, à quelques heures de son exécution, dernière nuit avant cette aube qui sera l’ultime moment de son passage sur Terre. Lui, Landru, personnage mystérieux, tueur de femmes ou simple manipulateur pris à son propre piège, escroc poussé au crime ou sadique mythomane, le voilà seul face à son destin. Alors, pour ses derniers instants, il raconte et se raconte… À qui parle-t-il en ce moment ? À nous spectateurs, mais pas que... car sa conscience est là elle aussi et elle n’a pas l’intention de se taire !… Est-ce pénible ?... Non car Landru, comme son interprète, est drôle à sa façon... mais pas que !... Au tribunal de nos peurs les plus profondes, Manuel Pratt, alors, convoque un diable des plus séducteurs, et réussit l’exploit, en nous plongeant dans son esprit, de nous le rendre presque sympathique tout en nous questionnant sur notre propre positionnement face à la barbarie à visage humain...