Total Recall propose aux visiteurs de la Cité du design une plongée dans cet entre-temps complexe qui sépare la fin des études du début de la vie dite active.
Dans une scénographie originale, l’exposition fait dialoguer des centaines d’objets issus des univers singuliers de jeunes artistes et designers diplômés de l’Esadse. Que se passe-t-il dans ce laps de temps qui sépare l’expérience des études de la vie après l’école ? C’est cet interstice vertigineux qu’interroge l’exposition Total Recall, à partir d’une sélection de 38 diplômes d’étudiantes et étudiants sortis en juin dernier de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, mis en avant dans un format d’exposition inédit.Total Recall, littéralement « le souvenir complet » est le titre d’un film de science-fiction de 1990 adapté d’une nouvelle de Philippe K. Dick, traduite en français par Souvenir à vendre. La fiction débute autour d’une entreprise qui commercialise des souvenirs personnels en les implantant dans la mémoire de ses clients. Ce titre d’exposition renvoie ainsi à l’idée d’une mémoire collective, d’une possible transaction de souvenirs, ou de souvenirs par empathie.En revenant, via des productions matérielles, sur des diplômes passés - et par-là sur des séquences de vie et d’apprentissage personnelles et partagées au sein d’une école - cette exposition produit une désorientation temporelle.Le tout début d’une vie d’artiste ou de designer est un moment d’accélération, parfois de crise, où chacun est confronté à ses choix. L’enthousiasme côtoie l’angoisse : il s’agit de tracer son propre itinéraire dans des réalités multiples, alors que le monde lui aussi connaît une évolution rapide vers des états de crise écologique, sociétale et politique. Nous faisons face à des situations inédites, pourtant la vitesse de circulation des images et leur récurrence amplifient le sentiment de déjà-vu, traduit comme un motif poétique dans l’exposition.Entre retours en arrière et perspectives d’avenir, Total Recall, c’est la promesse d’un « souvenir total » qui est aussi une vision composite du futur.Scénographie:Sur un espace de 500 m2, la scénographie est pensée comme une succession de cinq mondes parallèles et interconnectés, reliés en un unique champ de vision. Chaque espace possède ses propres propriétés et ambiances (matériaux, revêtements, éclairages), incarnant des états ou des variations d’un même travail selon des modalités différentes. Le tout est conçu avec une majorité de matériaux issus d’un réemploi dans une logique de gestion responsable et d’éco-conception. Elle implique une esthétique « brute » assumée, qui fait sens tout en s’effaçant au bénéfice d’une expérience unique proposée au public. Commissariat:Julie Portier - La Salle de bainsCamille Le Houezec et Jocelyn Villemont - It's Our Playground
