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Soulfly
À l’aube du nouveau millénaire, Rolling Stone déclarait : « Soulfly semble fait pour durer ». Plus de deux décennies, d’innombrables tournées mondiales et une douzaine d’albums plus tard, cette prophétie se vérifie.
Icône de l’underground, pionnier du métal extrême, guerrier du tiers-monde et leader d’une tribu diverse et dévouée, Max Cavalera ne se contente pas de survivre, il prospère, enchaînant les riffs assassins. La voix, le corps et l’esprit qui ont donné naissance à Soulfly en 1997 sont à l’origine d’un bruit incroyablement lourd, qui se traduit par dix morceaux monstrueux sur le douzième album de Soulfly, 2022’s Totem.
Produit par Max et Arthur Rizk, que Revolver a décrit comme « l’arme secrète derrière Power Trip, Code Orange et Cavalera Conspiracy », Totem attaque sans s’excuser. Il déborde du mordant blackened-thrash et death metal des classiques modernes de Soulfly comme Ritual (2018) et Archangel (2015), avec des clins d’œil au groove lourd de Primitive (2000) et Prophecy (2004).
« J’aime beaucoup ce qu’Arthur fait dans la scène underground, avec des disques de groupes comme Outer Heaven, Pissgrave, Black Curse », explique Max. « Ce sont des productions folles, mec. Elles sont hors des sentiers battus et ont des sonorités folles. Je voulais un album de Soulfly avec un caractère sonore comme celui-là, donc Arthur était le gars parfait. A un moment de la production, il est venu me voir et m’a dit : ‘Tu sais Max, on ne fait pas juste un autre album de Soulfly. Nous faisons le meilleur album de Soulfly. J’ai aimé cette attitude.
Parmi les musiciens les plus prolifiques de l’histoire du genre, Max a mené Sepultura du Brésil à la scène mondiale, faisant des fans d’Ozzy Osbourne, de Deftones et de Dave Grohl en chemin. Il a cofondé Nailbomb, Cavalera Conspiracy, Go Ahead And Die et Killer Be Killed, publiant album après album sous les acclamations de la critique et des fans. Mais aucun projet n’est aussi singulièrement identifié à Max que Soulfly, dont le premier album éponyme, vendu à prix d’or, est arrivé avec une détermination et un esprit inégalés.
Soulfly, le surnom inventé par Max, est un portmanteau original comme « Lookaway » ou « Straighthate ». L’idée est née d’une des pratiques spirituelles indigènes qui inspirent Max. « De nombreuses tribus d’Amérique du Sud croient que les âmes de leurs ancêtres volent autour d’eux lorsqu’ils jouent de la musique. Ils peuvent même sentir les âmes des animaux sacrifiés pour créer leurs instruments. C’est du lourd.
Rempli d’invités et d’instruments multiples, Soulfly (1998) a créé un précédent pour les disques qui allaient suivre en réussissant l’exploit presque magique de combiner la musique du monde et le métal sans sacrifier l’ambiance brute et authentique d’un groupe en train de composer des chansons dans une cave. Vingt ans plus tard, Kerrang ! a inclus le premier album de Soulfly dans son classement des 10 meilleurs albums de Nü-Metal de tous les temps, aux côtés des albums à succès de System Of A Down, Slipknot, Korn, Papa Roach et Deftones. « Je n’ai jamais pensé que Soulfly était un groupe de nü-metal », souligne Max. « Nous en avions des éléments. Mais à l’époque où le son est devenu très commercial avec Linkin Park, je n’ai pas eu l’impression d’en faire partie. Nous sommes beaucoup plus lourds.
Melody Maker a déclaré Primitive « l’album de métal de l’année » à la fin de l’année 2000. Lorsque 3 a suivi en 2002, Spin a écrit : « Il y a quelque chose d’indéniablement excitant à propos d’un démagogue d’Ozzfest qui défend la dignité comme un droit humain et qui fait d’une maxime comme “Faith is a weapon” (la foi est une arme) un cri de ralliement. Le groupe reste un monstre de tambours tribaux assez féroce pour chasser les bulldozers de la forêt tropicale ». La tournée de soutien de 3 comprenait un trek nord-américain avec Slayer.
Moins d’un an après sa sortie, l’album 4 s’est retrouvé dans le livre 2005 du magazine allemand Rock Hard, The 500 Greatest Rock & Metal Albums of All Time (Les 500 plus grands albums de rock et de métal de tous les temps). Sputnik Music a salué Prophecy comme « le meilleur album de Soulfly à ce jour », le qualifiant de « plus lourd, plus expérimental et plus mature ». La puissance du thrash a dominé Dark Ages (2005), Conquer (2008) et Omen (2010). Les critiques ont salué la réserve inépuisable de riffs de Cavalera avec Enslaved (2012). Ils ont célébré l’ambiance féroce de Savages (2013), le premier album de Soulfly avec le fils de Max, Zyon Cavalera, à la batterie.
Archangel a poussé le matraquage musical jusqu’à ses limites tout en injectant dans les chansons des moments de nuances et de dissonances trippantes. Max a revisité les ruminations rituelles et mystiques de Prophecy de Soulfly tout en redoublant la musique la plus extrême de sa carrière. Ritual « a conservé le groove des premiers Soulfly ainsi que mon amour pour les trucs lourds et rapides », explique Max. « Je pense qu’au final, nous avons créé un bon mélange de chansons qui couvrent une grande partie de ma carrière.
Les chansons de Totem sont issues d’une approche d’écriture basique inspirée par le fils de Max, Zyon. Batteur de Soulfly depuis 2012, Zyon a demandé un jour à Max de lui montrer comment Sepultura créait ses premiers classiques. L’aîné des Cavalera décrit le processus comme l’assemblage de riffs, comme les pièces d’un puzzle ou les briques d’une pyramide. « Zyon et moi avons jammé pendant de nombreuses semaines pour créer les fondations.
Max a d’abord imaginé Soulfly comme un groupe au line-up évolutif, désireux de « secouer l’arbre » avec une infusion de sang créatif de temps en temps. De nombreux joueurs et musiciens invités apparaissent tout au long de la discographie du groupe. Totem est le quatrième album du groupe avec Zyon et le deuxième avec le bassiste Mike Leon. C’est également le premier album de Soulfly sans le guitariste Marc Rizzo depuis 2004.
« Certains de mes albums préférés sont ceux où tout a changé et où j’ai dû trouver un moyen de faire fonctionner quelque chose », explique Max. « Beaucoup de mes meilleurs albums sont nés de luttes, comme Chaos A.D. de Sepultura, le premier album de Soulfly et Prophecy. Chris Ulsh de Mammoth Grinder et Power Trip joue un solo de guitare sur le dernier morceau de l’album, « Spirit Animal ». John Powers, le coéquipier de Rizk dans le groupe Eternal Champion, contribue à plusieurs solos sur l’album, et Rizk joue également de la guitare rythmique et de la guitare solo. « Arthur a fini par jammer avec moi sur l’album. C’est un excellent guitariste”, explique Max.
Comme tous les albums de Soulfly avant lui, Totem comprend une dédicace à Dieu dans les notes de pochette. Et comme toujours, Max suit sa muse spirituelle dans un territoire évolutif et diversifié, s’inspirant de multiples traditions et pratiques. Des chansons comme « Superstition », « Ancestors » et la chanson titre s’appuient fortement sur l’un des thèmes de l’album, qui traite de la nature en tant que force spirituelle.
« Je voulais faire un album lié aux animaux spirituels, aux forêts, à l’environnement », explique-t-il. « J’ai toujours été fasciné par la nature. En voyageant beaucoup, j’ai pu voir des endroits incroyables”, poursuit-il, citant des exemples comme l’Islande, les fjords de Norvège et les Badlands du Dakota du Sud. « Superstition » s’inspire plus particulièrement de la montagne Superstition, située en Arizona. « Bien au-delà de toutes les choses que vous connaissez / la superstition, plus dure que la pierre », dit Max dans la chanson.
Chaque album de Soulfly comporte un instrumental, que Max compare volontiers à un « moment Planet Caravan », à la manière dont le jam classique de Black Sabbath a créé une sorte d’oasis de douceur sur l’album. Totem ne fait pas exception. « Soulfly XII » est le fruit de l’amour de Max pour les accords de guitare et les synthés gothiques et sombres des années 80. « J’essaie d’être créatif avec chacun d’entre eux, soit en utilisant des instruments différents, comme le saxophone sur l’instrumental de Ritual, soit en me basant sur les vibrations. Celui-ci est vraiment influencé par The Cure et Sisters Of Mercy ».
La lourdeur de la vieille école, qui rappelle l’époque Beneath the Remains de Sepultura, ponctue l’hymne écologiste « The Damage Done », qui se termine par une chute brutale du tempo. « Scouring the Vile », sur laquelle John Tardy, le chanteur d’Obituary, est invité, aborde la question du cancer. « L’écœurant caché derrière mes yeux mourants / Je t’ai arraché à moi ».
Près de 25 ans après les débuts du groupe, les incontournables Soulfly comme « Jumpdafuckup », « Back to the Primitive », « Downstroy », « Eye for an Eye », « Ritual » et « Dead Behind the Eyes » sont célébrés en live tout comme les classiques de Cavalera « Roots Bloody Roots », « Refuse / Resist », « Territory » et « Dead Embryonic Cells ». Débordant d’une faim et d’une énergie forgées par plus de trois décennies de heavy metal, Totem est une entrée brutale, vibrante, extrême et exaltante dans le canon de Soulfly.
Les hymnes d’agression sauvage de Soulfly poussent la musique extrême à ses limites tout en lui injectant de brillants moments de nuances et de dissonances trippantes. Comme tous les héros musicaux novateurs, Max crée des hymnes pour le peuple. Soulfly est une célébration de la famille et de l’héritage. Quoi que Max Cavalera martèle sur les chevalets de ses guitares à quatre cordes, cela libère toujours les âmes.
https://youtu.be/0Sl5-Cl6LOo?si=IbHh2Iu9QtqhiAIS
