Une Maison de Poupée

Avec brio, la créatrice norvégienne Yngvild Aspeli poursuit son exploration des grands classiques de la littérature, en même temps qu'elle déploie un univers singulier, entre théâtre et art marionnettique. Au plateau, dans le rôle central, elle creuse le sous-texte du chef-d'oeuvre d'Ibsen avec une finesse sans pareil.

La créatrice et marionnettiste Yngvild Aspeli a sa manière bien à elle, envoûtante, de raconter des histoires, à la lisière du conte et de la tragédie, sa manière d'esquisser des mondes en quelques gestes clairs, avec ses marionnettes hyper réalistes de toutes tailles et ses drôles de créatures. Sa mise en scène, impressionnante d'intelligence, crée un univers visuel et sonore unique, tout en donnant à voir et à entendre l'ensemble des problématiques soulevées par la célèbre pièce d'Ibsen.

Il est ici question d'une femme contractant un emprunt frauduleux, pour financer un voyage en Italie, qui pourrait sauver son mari malade. De personnages apparaissant d'abord sous les traits de pantins, avant de se transformer en êtres de chair et de sang?; à moins que ce ne soit l'inverse? D'une araignée tentaculaire, qu'il faudra affronter. Mais aussi d'emprise, de maltraitance, d'un monde patriarcal asphyxiant. Autant de sujets qu'aborde Henrik Ibsen, que sublime ici cette immense marionnettiste et créatrice d'univers.