Le saxophoniste belgo-new yorkais Julien Hucq a découvert le Trinkhall museum en
mai 2023, grâce à son ami et professeur Steve Houben.Les œuvres magnifiques,
travaux d’artistes dits « fragiles », émeuvent Julien Hucq : il décèle dans les
toiles et dessins exposés au Trinkhall un esprit et une démarche artistique
semblables à sa pratique de l'improvisation et de la composition.Entouré de deux
coéquipiers d'exception, Giuseppe Millaci à la contrebasse et Yann Dumont à la
batterie, Julien Hucq explorera, comme des terrains de jeu, des compositions aux
teintes impressionnistes et Bebop. Les interactions instrumentales du trio
tracent des chemins de l’expression collective – une dynamique de groupe qui
fait écho aux ateliers de création que le musée célèbre.Cette première
collaboration entre Julien Hucq, ses partenaires et le Trinkhall museum est une
occasion unique de venir découvrir ce trio dont la musique intimiste et
délicate, à l’instar des œuvres des artistes du musée, témoigne de la fragile
condition de notre existence.
Parc d'Avroy
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*** Français ***
Paul Duhem (Blandain, 1919 – Ellignies-Sainte-Anne, 1999) a commencé à peindre
sur le tard. Il avait 70 ans quand il franchit pour la première fois les portes
de l’atelier de Bruno Gérard, à la Pommeraie, où il résidait depuis déjà une
dizaine d’années. Son œuvre, aujourd’hui largement diffusée, est représentée
dans de nombreuses collections publiques et privées. Elle tient tout entière
dans le geste de dessiner et de peindre ad libitum les mêmes motifs, infiniment
repris, toujours identiques et toujours différents, des visages et des portes,
essentiellement, les mêmes motifs intérieurs mêmement disposés sur la page –
Paul Duhem hoc fecit ! – et chaque fois réenchantés par l’intelligence inépuisée
des couleurs et des variations, le geste et le rituel quotidiens de peindre, le
même ethos et les mêmes instruments, crayons, pinceaux, équerre et rapporteur,
une boîte à sardines, la même, toujours, où sont déposés les pigments.
*** Nederlands ***
Paul Duhem (Blandain, 1919 - Ellignies-Sainte-Anne, 1999) begon laat met
schilderen. Hij was 70 jaar oud toen hij voor het eerst binnenstapte in het
atelier van Bruno Gérard in La Pommeraie, waar hij sinds tien jaar woonde. Zijn
werk, dat nu wijd verspreid is, is vertegenwoordigd in talrijke openbare en
particuliere collecties. Het gaat om het gebaar van het tekenen en schilderen ad
libitum van dezelfde motieven, eindeloos herhaald, altijd hetzelfde en altijd
anders, gezichten en deuren, in wezen, dezelfde interieurmotieven gerangschikt
op de pagina - Paul Duhem hoc fecit! - en elke keer opnieuw betoverd door de
onuitputtelijke intelligentie van kleuren en variaties, het dagelijkse gebaar en
ritueel van het schilderen, dezelfde ethos en dezelfde instrumenten, potloden,
penselen, vierkant en gradenboog, een sardienenblik, altijd hetzelfde, waarin de
pigmenten worden gedeponeerd.
*** English ***
Paul Duhem (Blandain, 1919 – Ellignies-Sainte-Anne, 1999) began painting later
in life. He was 70 years old when he first crossed the threshold of Bruno
Gérard’s workshop, La Pommeraie, where the latter had already been resident for
decades. His work, now circulated widely, is represented in numerous public and
private collections. It remains completely in the artistry of drawing and
painting, ad libitum, the same motifs which are used endlessly, always identical
and always different, essentially, faces and doors with the same interior motifs
which are also on show on his page, – Paul Duhem hoc fecit ! – through the
intelligent, non-exhaustive range of colours and variations, continually leading
to the action and daily ritual of painting, with the same ethos and the same
tools – pencils, paintbrushes, set squares and protractors, a tin of sardines –
where there are deposits of the pigments.
*** Français ***
Jean-Marie Heyligen (Ath, Belgique, 1961) est un artiste polymorphe : peintre,
graveur, sculpteur, il se prête depuis plus de quarante ans, avec une infinie
patience, au jeu de dire hors-les-mots tout ce qui compte vraiment - des visages
effarés, des corps abandonnés et nus, des Indiens d’un autre monde, des
chevaliers d’un autre temps, tous embarqués dans l’énigme irrésolue des formes,
des traits, des matières, des couleurs, des images et des choses. L’œuvre au
long cours de Jean-Marie Heyligen est le bric-à-brac ordonné, sans cesse
métamorphosé, de tout ce qui, de l’enfance à l’âge d’homme, secrètement nous
traverse.
*** Nederlands ***
Jean-Marie Heyligen (Aat, 1961) is een meervoudig kunstenaar: schilder, graveur,
beeldhouwer, hij speelt al meer dan veertig jaar met oneindig geduld het spel om
de dingen die ertoe doen in woorden uit te drukken - bange gezichten, verlaten
en naakte lichamen, indianen uit een andere wereld, ridders uit een andere tijd,
allemaal ingesloten in het onopgeloste enigma van vormen, lijnen, materialen,
kleuren, beelden en dingen. Het werk van Jean-Marie Heyligen is op de lange duur
het geordende wirwar, voortdurend gemetamorfoseerd, van alles wat ons heimelijk
doorkruist, van kindertijd tot mannelijkheid.
*** English ***
Jean-Marie Heyligen (Ath, Belgium, 1961) is a plural-form artist: painter,
etcher, sculptor. For over forty years, with endless patience, he has played the
role of talking about important things in a way that is beyond words – stunned
faces, abandoned and naked bodies, Indians from another world, knights from
another time, all drawn into the irresolute enigma of shapes, strokes,
materials, colours, images and things. The long-lasting theme of Jean-Marie
Heyligen’s work is organised knick-knacks, constantly metamorphosing due to
everything we secretly go through from childhood to adulthood.
*** Français ***
Au rez-de-chaussée du musée, le Trinkhall consacre une exposition monographique
à l’artiste bruxellois Pedro Ribeiro, qui fréquente l’atelier peinture du centre
Sésame.La peinture de Pedro Ribeiro nous plonge dans des abymes – paradoxalement
parfois très lumineux – et nous emmène au plus profond de personnages qui se
dissolvent en leurs lieux.
*** Nederlands ***
Op de benedenverdieping van het museum wijdt de Trinkhall een monografische
tentoonstelling aan de Brusselse kunstenaar Pedro Ribeiro (Atelier Sésame).Het
schilderij van Pedro Ribeiro, dat een beeldhouwwerk is geworden, dompelt ons
onder in afgronden - paradoxaal genoeg soms heel lichtgevend - en neemt ons mee
tot diep in de personages die in hun plaats oplossen.
*** English ***
The ground floor of the Trinkhall Museum is dedicated to a monographic
exhibition by Brussels artist, Pedro Ribeiro (Sésame Workshop).Pedro Ribeiro’s
paintings submerse us into an abyss – paradoxically, on occasion very bright –
and lead us to the deepest part of the characters who are dissolving into their
places.
Au rez-de-chaussée du musée, le Trinkhall consacre une exposition monographique
à l’artiste bruxellois Pedro Ribeiro, qui fréquente l’atelier peinture du centre
Sésame. La peinture de Pedro Ribeiro nous plonge dans des abymes –
paradoxalement parfois très lumineux – et nous emmène au plus profond de
personnages qui se dissolvent en leurs lieux.
Pierre De Peet (Anderlecht, 1929 – Oudergem, 2019) est l’un des artistes phares
des ateliers du Créahm - Bruxelles, qu’il a fréquentés pendant près de trente
ans, d’août 1990 jusqu’à sa mort, survenue en août 2019. Issu d’un milieu
relativement modeste, une santé fragile lui ferme tôt les chemins de l’école. Il
aide aux champs, comme il l’explique dans son autobiographie – « casser les
betteraves avec une bêche et après un fermier les ramassait avec un cheval et
une charrue » -, puis rejoint son frère dans la boulangerie familiale, où il
travaille comme ouvrier pendant plusieurs années. En 1988, il est accueilli dans
le centre d’hébergement « Les Chataîgnes », à Woluwe-Saint-Pierre. Il y réside
jusqu’à la fin de ses jours. En août 1990, à l’âge de 60 ans, il intègre les
ateliers du Créahm - Bruxelles. Il y développe peu à peu une œuvre plastique
d’une grande intensité, dessins, peintures et gravures. La sûreté parfaite du
trait, l’intelligence des couleurs, le sens de la narration et une poétique
incomparable de l’écart constituent les éléments principaux d’un langage
pictural où l’expressionisme, en ses dimensions parfois les plus tragiques, ne
cesse de dialoguer avec une manière de douceur et de tendresse à nulles autres
pareilles.Toute image a ses modèles, où qu’elle trouve son inspiration, ses
ressources, ses moyens. Toute image est généalogique. Pendant les trente
dernières année ans de sa vie, dans l’intimité de l’atelier, Pierre De Peet
feuillette magazines et livres d’art, constellations d’images, d’émotions et
d’événements parmi lesquels il chemine, tissant la trame d’une chronique
élective de la vie telle qu’elle va, pour le meilleur et parfois pour le pire,
les gens et les corps saisis dans la nudité d’exister, reflétant comme dans un
miroir nos propres douleurs et nos propres espérances. Telle est la puissance
incomparable de ces images : l’écart dont elles procèdent - dans le souci
pourtant d’une fidélité minutieuse et d’une absolue loyauté à l’égard de leurs
modèles -, n’est pas un simple déplacement ni le produit, pourrait-on croire,
d’une quelconque maladresse, fût-elle à ce point travaillée, heureuse et, en
même temps, ascétique. C’est, du modèle à l’image, l’incroyable métamorphose de
la représentation, son envol, sa transfiguration, sa liberté reconquise par
l’opération du geste infiniment scrupuleux, pourtant, de la copie.L’œuvre
aujourd’hui aboutie de Pierre De Peet est un imagier magnifique, livre d’heures
des émotions visuelles patiemment, modestement, obstinément assemblées par
l’artiste à sa table de travail. Il est habité par la grâce, la joie pure du
dessin et de la couleur, ainsi portant sur le monde un regard à la fois sans
concession et d’une extrême bienveillance. Mais s’agit-il bien d’un regard, au
sens où l’on entend habituellement le mot regard pour signifier une manière de
lecture, de perception, d’interprétation ? Il s’agit, bien plutôt, d’une
modalité de la présence : Pierre De Peet – heureusement ! -, ne donne rien à
lire ni à comprendre. Il atteint, en son cabinet, hors les mots, hors la
science, hors même toute forme d’intention, la pauvreté muette du Simple dont la
puissance de rébellion soulève comme une vague, depuis les origines, toute
l’histoire de la mystique occidentale.
La foule est de retour, après plus d’une année de silence. Dans les aéroports, à
la sortie des stades, dans les centres commerciaux. La foule des regards et des
corps soulevés par la même émotion. La vie, à nouveau, serait-elle normale ?
Aurait-on déjà la nostalgie du silence ? De quoi est tissé le commun dont on
rêve ? Que signifie le mot allégresse ? Par quels désirs, ensemble, sommes-nous
emmenés ? Que foulent aux pieds les foules où l’on se tient ? Qu’écrasons-nous ?
Quel est l’état de nos espérances ? De nos désespoirs ? Il y a quantité de
foules réunies dans nos mémoires. La foule des corps suppliciés dans les camps
de concentration et les foules en liesse à la Libération. Les foules sont des
solitudes multipliées. Elles disent le privilège et la détresse d’exister, la
joie et la peine. Nous sommes uns et nous sommes multiples. Une foule, toujours,
est en deuil, fût-ce de son prochain démembrement. Nous sommes des déserts et
nous sommes des foules ; nous sommes la voix muette des foules en nous
assemblées depuis des temps immémoriaux.Aujourd’hui, les statues de Pascal
Tassini sortent en foule au musée du Trinkhall, solitudes multipliées qui nous
regardent en silence et réfractent au plus intime nos humbles, nos patientes
métamorphoses.Pascal Tassini (Ans, 1955) a fréquenté les ateliers du Créahm
pendant plus de vingt ans, de 1996 à 2018. Il y a développé une œuvre polymorphe
d’une extraordinaire richesse – dessins, peintures, sculptures en terre cuite et
assemblages de tissus noués qui font, aujourd’hui, sa notoriété, incessant
bricolage des formes, des matières, des présences. L’art, ici, est toujours en
mouvement, dans la relative indifférence de son résultat. Tassini est un glaneur
et fait merveille des fragments de monde trouvés ici ou là, éparpillés dans le
chaos de l’atelier – impatience et sûreté conjuguées dans la répétition ad
libitum des mêmes gestes et des mêmes rituels. L’art, toujours, a le nez dans le
guidon. On arrive au matin et le soir on repart, ainsi jour après jour, semaine
après semaine, année après année. Rien ne manque à qui sait ne pas penser. Rien
ne manque à qui sait éclater de rire. Pascal Tassini est orfèvre en existence.
Faut-il s’établir ? On construira, au cœur de l’atelier, une cabane où ranger
ses affaires et accueillir ses amis, où recevoir également ses patients quand on
est guérisseur. Le docteur Tassini est au centre d’un monde échappé de ses
mains. Faut-il se marier ? Oui, bien entendu, car l’amour est l’alpha et l’oméga
de toute vie accomplie. Alors, on confectionnera des robes de mariée, des
coiffes et des diadèmes, des costumes d’apparat, on mettra des fleurs à la
boutonnière, on aura des costumes magnifiques, on écrira des lettres d’amour, on
échangera des alliances, on sera le marié, on ira vers la mariée, bientôt la
tenant par la main et puis l’embrassant. Ah, que douce est l’existence et triste
la séparation ! Mais les amis sont là, heureusement, qui sont façonnés dans la
glaise, la foule des amis multipliés par le geste infiniment repris de les
donner à naître, le mouvement des doigts et l’empreinte de la paume conservés
dans la terre, qui lui donnent son mouvement, sa vie, son relief, son grain, sa
patine, son histoire. Il suffira de les disposer sur les étagères de la cabane
ou de les ranger soigneusement dans des tiroirs et dans des caisses. La plupart
du temps les statues sont de petite dimension. Les ressources de l’atelier
suffisent à leur fabrication. Ce sont les Stics de Pascal Tassini, qui l’ont
occupé pendant des années. Mais parfois les statues sont immenses. Alors on les
cuira dans un four à papier monté pour l’occasion entre le musée et le kiosque,
à Liège, au parc d’Avroy. Ce sera la fête, comme hier et comme aujourd’hui,
comme au temps de tous nos héritages, un feu de joie allumé jusque bien avant
dans la nuit, le grand appareillage de la joie sans mémoire ni réserve, des
flammes virevoltantes et des silhouettes entr’aperçues. Comme la vie est belle
et l’art, inutile ! Les statues de Pascal Tassini, tellement les mêmes et
tellement différentes, sont toujours en mouvement, s’avancent en foule et nous
emportent au plus vif de la condition d’exister.
La première saison du Trinkhall est consacrée à la thématique du visage. La
collection en offre une illustration extraordinairement diverse et d’une
bouleversante intensité – comme si, dans le refuge des ateliers, pouvait depuis
quarante ans librement se déployer la question même de l’identité. Les images et
les sculptures de la collection paraissent traverser toute l’histoire de l’art,
hantée, depuis les origines et jusqu’à aujourd’hui, par la figuration des
visages. Encore ne sont-ce pas les formes affirmatives ou les plus communément
célébratives de la visagéité qui sont ici données à voir, mais toutes ses
déclinaisons interrogatives. Les visages de la collection traversent les
frontières de l’identité, ils s’effacent, se dédoublent, se déchirent,
s’emboîtent ou se multiplient, choses parmi les choses, témoins d’existences
fragiles et fragmentées, inquiètes ou jubilantes, emportées dans le mouvement
perpétuel des environnements où elles se tiennent. Qu’est-ce qu’un visage ?
Qu’est-ce qu’être soi ? Au cœur du musée, les visages de la collection – ceux
d’Inès Andouche, d‘Antonio Brizzolari, de Mawuena Kattah, de Pascale Vincke et
de tant d’autres - dialoguent avec un crâne surmodelé de Nouvelle-Guinée -
Papouasie, un autoportrait de Rembrandt, une figure bricolée de Louis Pons, une
lithographie de Bengt Lindström ou de James Ensor, … Nous avons invité,
également, des artistes contemporains qui reprennent en images les questions que
leur adressent les visages de la collection. Thomas Chable, Hélène Tilman, Anne
de Gelas, Dany Danino ou Yvon Vandycke interviennent dans les murs du musée en
proposant, chacun, une œuvre qui relaie la thématique du visage. Enfin, des
productions du Créahm, conçues et réalisées spécialement pour l’ouverture du
musée, inscrivent au plus vif de notre démarche l’art des ateliers tel que, sans
cesse, il émerge. Le programme d’expositions « visages/frontières » est une
machine à éprouver, à vivre et à penser les vertiges de l’identité.